En ce 8 janvier 2016, on commémore la disparition d'un ancien président, on célèbre l'anniversaire et le nouvel album d'un vieux chanteur et on accueille la naissance d'une nouvelle forme d'humanité. "Les rêves font la réalité"
On dirait presque du CALDERON, voire du SHAKESPEARE… sauf qu’en anglais, « les rêves font ma réalité », ça donne « dreams are my reality », et là ça convoque tout de suite la musique de La Boum et c’est l’apocalypse culturelle et intellectuelle dans votre tête. Mais passons… ou plutôt revenons à l’essence du signifié de cette proposition… « les rêves font la réalité », ou autrement dit, « prendre ses rêves pour une réalité ».

En ce 8 janvier 2016… jour de commémoration des 20 ans de la disparition de François MITTERRAND, l’actuel président, l’autre François va aller lui rendre hommage, sur sa tombe, à JARNAC… et rêver vraisemblablement à réitérer l’exploit de son homonyme prédécesseur, qui avait réussi en 1988 à se faire réélire en prenant ses distances avec le Parti Socialiste…
« MITTERRAND, l’hommage intéressé d’HOLLANDE » titre le Figaro, qui note que si l’actuel président n’a jamais été un proche de l’ancien… il cherche toutefois à se placer dans la lignée de MITTERRAND « le stratège » : « depuis quelques mois, le chef de l’Etat se met clairement dans le sillage de la campagne de 1988 autour de la « France unie », préfiguration de 2017. Sa manière d’exalter la patrie, de se placer au dessus de la mêlée, de prendre son propre camp à rebrousse-poil, comme sur la déchéance de nationalité, rappelle la gestion mitterrandienne », écrit Solenn DE ROYER.
Analyse partagée par la Croix, sous le titre « de MITTERRAND à HOLLANDE, fin de cycle pour les socialistes », dans un article qui rappelle également comment les deux présidents ont mis à distance le PS au moment de briguer un nouveau mandat… « L’histoire de la famille socialiste, explique l’historien Jean GARRIGUES, c’est l’histoire d’une contradiction entre une pratique politique de gestion pragmatique et un discours de rupture, voire révolutionnaire ».
Ce qui vaut ce titre à l’Humanité : « Arnaque à Jarnac, l’histoire se répète »… « Ils ont enterré le socialisme, mais les fossoyeurs qui s’en réclament encore du bout des lèvres continuent de hanter les cimetières, déplore le quotidien communiste. (…) Trente ans plus tard, en s’inspirant des programmes respectifs de la droite et du FN, en rassemblant la gauche face au terrorisme faute de la mobiliser sur un projet de société, HOLLANDE espère-t-il rajeunir la recette de son aîné pour se faire réélire ? »
Un François peut-il vraiment en cacher un autre ?
Pas si on en croit Bruno DIVE dans Sud Ouest, pour qui la nostalgie qui entoure aujourd’hui le souvenir de François MITTERRAND s’explique par le fait que les français plébiscitent « l’homme de lettres » qu’était l’ancien président. « Quoi qu’ils en disent, ils ne veulent pas d’un président « normal », encore moins d’un président « vulgaire ou familier ». Mais de quelqu’un qu’ils respectent et qui les élève. »
« On retiendra de lui qu’il fut l’un des deux grands présidents de la Ve République, pour Jean-Claude SOULERY dans La Dépêche du Midi. Quand de GAULLE revêtait les habits de l’Histoire, MITTERRAND, lui, fascinait par cette vieille culture venue de loin et qui semble tant manquer aux dirigeants de notre siècle : l’intelligence politique. »
Un avis que ne partage pas Philippe ALEXANDRE, le journaliste et ex-chroniqueur de RTL qui publie un recueil de ses billets pendant les 14 ans de présidence de François MITTERRAND… interviewé dans le Figaro, il déclare que si MITTERRAND était selon lui un personnage de « théâtre classique qui renvoyait à quelques réminiscences littéraires, de SAINT-SIMON à CHATEAUBRIAND », il était surtout « un manipulateur, un homme politique doué, un artiste de la politique même, mais pas un homme d’Etat ».
Pour Philippe ALEXANDRE, « un homme d’Etat est celui qui sert l’intérêt général, qui a une vision de l’avenir, qui porte de grands projets. (…) François MITTERRAND, lui, n’a toujours songé qu’à sa carrière et à son élection ». De MITTERRAND à HOLLANDE, il y aura finalement un peu plus qu’une simple homonymie de façade…
Le 8 janvier, c’est également l’anniversaire d’une personne très célèbre qui vient de faire parler d’elle…
Tout à fait Guillaume… une personne qui prend elle ses rêves de puissance pour une réalité… il s’agit du leader coréen Kim JONG UN, qui fête aujourd’hui ses 33 ans. « Pour son anniversaire, le sympathique dictateur coréen s’est offert une bombe H. Né le même jour (mais pas la même année), David BOWIE a préféré sortir un disque. C’est plus calme, même si BOWIE ne l’a pas toujours été », pourrez-vous lire dans le billet « En vue » dans Les Echos.
C’est évidemment de mon idole, mon héros, l’homme de ma vie… David BOWIE, donc (pas Kim JONG UN) dont je voulais vous parler ce matin… et son sublime album, Blackstar… largement commenté comme un chef d’œuvre dans la presse (Louis NADAU de la Croix parle des « éclats noirs de David BOWIE », d’un album au pessimisme crépusculaire et d’un nouveau pic de créativité)… mais comme Matthieu CONQUET l’a déjà fait, je vais m’arrêter là et pour conclure vous parler d’un autre anniversaire, passé bien plus inaperçu dans la presse… sauf si l’on cherche bien…
Figurez-vous que le 8 janvier 2016… aujourd’hui donc, c’est la naissance d’un certain Roy BATTY… ça ne vous dit rien ? Alors, parler de naissance, c’est aller un peu vite en besogne… il serait plus exact de parler d’activation… oui, parce que Roy BATTY n’est pas tout à fait humain… c’est un androïde… ou plus précisément un réplicant… c’est même LE réplicant… le chef des réplicants renégats dans le film Blade Runner, de Ridley SCOTT… interprété par l’imposant Rutger HAUER.
Alors pas de faire-part de naissance pour autant dans vos journaux… mais un article intéressant dans le Parisien, sur le nouvel œil bionique… il s’agit d’une puce implantée sous la rétine, qui a permis à une Anglaise de recouvrer la vue… c’est maintenant au tour de la France de bénéficier de cette technologie de pointe pour un patient qui doit être opéré dans les prochains mois… L’homme cybernétique est à notre porte… mais pas de faire-part de naissance pour le chef des réplicants pour autant… néanmoins, souvenez-vous, le titre de la nouvelle de Philip K. DICK dont est tiré le film Blade Runner, c’est « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? »… Les rêves, encore… ceux qui finissent, un jour, par forger la réalité.
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