Rien ne se passe comme prévu

Hillary CLINTON
Hillary CLINTON ©Reuters - Mike Blake
Hillary CLINTON ©Reuters - Mike Blake
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Élection présidentielle américaine, critique du néolibéralisme par le FMI et consommation d'alcool en France : rien ne se passe jamais comme prévu.

Il faut croire que c’est devenu une sorte de refrain pour les grandes élections… prenez l’élection présidentielle américaine… avec aujourd’hui le dernier « super Tuesday » de la primaire démocrate et Bernie SANDERS qui donne du fil à retordre à Hillary CLINTON… pourtant quasiment assurée d’obtenir la majorité des délégués et d’être désignée candidate du parti démocrate…

Mais comme l’écrit David CARZON dans Libération « Rien ne se passe comme prévu pour Hillary CLINTON. Elle sort essorée de la campagne pour les primaires et sa cote de popularité n’a jamais été aussi faible. Elle qui voulait défendre les « Américains ordinaires » s’est fait doubler à la fois par sa gauche et par sa droite, ne parvenant pas à se défaire de son image froide. »

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Tout va donc se jouer avec le vote de la Californie aujourd’hui… et même si les jeux sont déjà fait – il ne manque que 26 délégués à Hillary CLINTON pour arriver au seuil des 2383 qui assure la victoire, rappellent les Echos – « un triomphe du candidat socialiste aurait cependant un lourd poids symbolique pour le parti et contribuerait à renforcer les doutes déjà existants quant à la capacité d’Hillary CLINTON à battre Donald TRUMP en novembre prochain. »

Ce qui conduit le Figaro à cette Une du jour : « TRUMP peut-il gagner ? ». Dans son édito, Arnaud de la Grange s’interroge : « Peut-on arrêter Donald TRUMP ? Celle qui devrait porter le fer contre lui a toutes les armes en main. Hillary CLINTON a l’intelligence, l’expérience, le soutien des donateurs. Mais pour le peuple en révolte, elle porte aussi les tares d’un pedigree trop parfait. Elle incarne la caste capitaliste dominante. »

Or, comme l’évoque l’Humanité ce matin sous le titre : « Les pro-SANDERS préparent l’acte II de la révolution politique », le sénateur du Vermont va faire campagne jusqu’au bout… de là à se présenter en candidat indépendant ? Vraisemblablement pas. Mais selon un observateur de la vie politique américaine, « jusqu’à la convention, SANDERS va continuer à marteler son message et à ne pas obéir à CLINTON. A la convention, il va y avoir un bras de fer puis un accord. SANDERS va faire campagne pour CLINTON, mais à sa façon, certainement pas sur ordre de la candidate. » Et in fine, « il peut peser jusqu’à la composition du cabinet. Pourquoi pas imposer la nomination de Joseph STIGLITZ », le prix Nobel d’économie très critique du néolibéralisme…

David CARZON en conclut : « deux ennemis à combattre, ça fait beaucoup pour une seule candidate. Les débats électoraux s’annoncent très violents : Hillary CLINTON a tout intérêt à durcir le ton et à faire de ce scrutin un référendum anti-TRUMP. Et du coup, c’est un débat sur le vote utile qui se profile côté démocrate (…) : si vous n’avez pas envie de voter pour Hillary CLINTON, votez au moins contre Donald TRUMP. Ça ne vous rappelle rien ? »

Et la critique du néolibéralisme, c’est ce qui agite la sphère économique depuis une étude publiée par le FMI

Oui, il s’agit d’une publication de trois économistes du département de la recherche, intitulée « neoliberalism : oversold ? » Le néolibéralisme serait-il survendu ? Dans cette étude, les économistes critiquent particulièrement deux dispositions, résume Bruno AMABLE dans sa chronique dans Libération : « l’ouverture des marchés de capitaux, qui augmente le risque de crise financière au lieu de les diminuer, et les politiques d’austérité, qui sont superflues pour un bon nombre de pays et contribuent à diminuer la demande, et, par conséquent, freinent l’activité »

En résumé, comme l’écrit Claire GUELAUD dans le Monde : « plus la fortune des riches s’accroît, moins forte est la croissance. En revanche, une augmentation de 1 % de la part des revenus détenue par les 20 % les plus pauvres est associée à une croissance plus forte. »

Ce qui conduit Jean-Marc VITTORI dans les Echos à ces interrogations : « Le FMI a-t-il avoué ses fautes ? Va-t-il abjurer sa religion du marché, devenir un prêtre défroqué, prêcher désormais le déficit public et les nationalisations ? Faut-il jeter à la poubelle la libéralisation imposée par le FMI ? »

Bruno AMABLE et Jean-Marc VITTORI s’accordent sur une chose : « la principale surprise de l’article était le mot « néolibéralisme » dans le titre », écrit ce dernier… « la formidable puissance du mot. (…) Dans les années 30, le néolibéralisme était pourtant un libéralisme tempéré. Ses partisans vantaient l’efficacité du marché tout en prônant un Etat puissant et des valeurs humanistes. »

Pour Bruno AMABLE, « le renouveau de la pensée libérale était supposé être le néolibéralisme, différent du laisser-faire, sauvant ce qu’il y avait à sauver du vieux libéralisme et faisant la promotion de la concurrence loyale, supposée assurer l’égalité des chances, (…) récompenser chacun selon ses mérites et non selon son héritage, ce qui devait en principe suffire à éteindre la lutte des classes. »

Mais, conclut-il « quelques décennies plus tard, la réalité du néolibéralisme s’est imposée. Accroissement des inégalités, concentration du pouvoir économique, recul de la démocratie, (…) crises financières... Le libéralisme, rénové ou non, conduit toujours aux mêmes impasses et les promesses de son renouvellement sont aussi crédibles que celles d’un alcoolique chronique affirmant qu’il arrêtera de boire demain. »

Et justement, concernant l’alcool… ça va un peu mieux…

Vous je ne sais pas, mais les Français oui apparemment, selon le Parisien qui titre « L’alcool, ce n’est plus tendance ». Et oui : pour la première fois depuis 2008, le budget consacré par les Français à l’alcool a diminué fortement cette année… Le budget annuel moyen par foyer consacré à l’alcool est passé d’un peu plus de 327 euros par an, à environ 321 euros… Par ailleurs, en 2015, seuls 8% des Français déclaraient consommer de l’alcool une fois par jour, contre 15% en 2010. Selon un sociologue, ce recul s’explique entre autres par le fait que « notre mode de vie a tendance à être plus raisonné, plus tourné vers la santé publique. Cela est vrai dans les assiettes avec le bio ou le manger local, comme dans les verres. »

Un recul à tempérer néanmoins… la France reste le 4ème pays d’Europe le plus consommateur d’alcool, derrière la République Tchèque, l’Autriche, et l’Irlande. Des statistiques qui risquent par ailleurs de remonter, la faute au foot… si 4 français sur 5 prévoient de suivre les matchs de l’Euro… les ¾ le feront une bière à la main… L’Euro, ça va durer un mois. Les brasseurs peuvent être rassurés, ils ne risquent pas encore de mettre la clé sous la porte.