

Premier avril oblige, la revue de presse est partie en quête des poissons d'avril cachés dans les colonnes de vos journaux.
Un petit oiseau, c’est comme l’autre petit animal… c’est né d’amour tendre… mais comment s’y prendre, quand on est dans l’eau…
Estimez-vous heureux que je ne vous l’aie pas chanté, n’est pas Juliette GRECO qui veut… toujours est-il que, le 1er avril, je ne sais pour vous, mais pour moi ça a toujours été ce jour béni où, depuis ma plus tendre enfance, je scrutais, dès les premières heures du matin, au petit-déjeuner avec mes parents en écoutant la radio, jusqu’au soir, au journal télévisé… les petites bêtises, les tromperies, les énormités et autres canulars venus se dissimuler dans l’actualité du jour…
Imaginez alors mon excitation ce matin, maintenant que je fais cette revue de presse, en arrivant au bureau devant mon paquet de journaux. Chouette chouette chouette, plein de canulars, de plaisanteries et de blagounettes à traquer…
Et je dois bien avouer que la tâche a été bien ardue que je ne m’y attendais… pourquoi ? eh bien parce qu’il m’a été difficile de discerner le canular de la réalité… des canulars bien camouflés en informations réelles… mais qui n’ont pas échappés, in fine, à un esprit affuté comme le mien…
Et la palme revient incontestablement ce matin au Parisien… qui applique un principe vieux comme le monde, celui de la lettre volée d’Edgar POE… mettre en évidence ce que l’on veut dissimuler… principe que l’on pourrait également appeler « plus c’est gros, mieux ça passe »… Le Parisien qui a donc carrément osé mettre en Une son canular du 1er avril… tenez, regardez : sur une photo de François HOLLANDE : « Présidentielle 2017, il y croit encore ».
Félicitations donc au Parisien pour ce très beau et très gros canular… le journal a poussé le raffinement jusqu’à concocter une petite infographie dont il a le secret… Vous y voyez François HOLLANDE en pleine dégringolade entre deux arbres… infographie titrée « les branches auxquelles il se raccroche »… ces branches sont « la croissance qui repart »… « des signaux positifs sur l’emploi »… « les exportations qui reprennent »… vous le voyez Le Parisien a poussé la blague très très loin ce matin… Une blague qui ne fait apparemment pas rire tout le monde… Un militant confie dans les colonnes du journal « S’il se représente, je déchire ma carte du PS ! »… y’a des gens qui manquent vraiment d’humour…
Et Alain REMOND emboîte le pas dans son billet dans la Croix, en déclarant ce matin que François HOLLANDE va faire voter une loi qui « disposera qu’à partir de dorénavant, tous les salaires de tous les salariés augmenteront d’une somme proportionnelle à la hausse mensuelle du taux de chômage, en fonction d’un calcul aussi sophistiqué que généreux. D’une pierre deux coups : soit le chômage baisse, et François HOLLANDE aura tenu sa promesse. Soit le chômage monte et tout le monde sera content, en raison de la formidable hausse du pouvoir d’achat. »
En revanche, dans les autres journaux, les canulars du 1er avril étaient mieux dissimulés
C’est Le Figaro qui retient pour citation du jour cette phrase de Francis BLANCHE : « Pour moi, une journée sans canular, c’est un gruyère sans trou »… Eh bien si on devait s’en tenir à cette citation, vos journaux du jour ressembleraient plus à une tranche de comté qu’à de l’emmental…
Mais en fouillant bien… on finit par y débusquer l’entourloupe…
Tenez, on trouve dans les brèves des Echos par exemple cette information insolite, et à vrai dire assez rocambolesque : Antoine WAECHTER va être candidat à la présidentielle de 2017. Alors, pour nos plus jeunes auditeurs, ou pour ceux qui auraient la mémoire fragile… Antoine WAECHTER, c’est ce candidat écologiste, qui naguère forma un couple de type « je t’aime moi non plus » avec Brice LALONDE, qui s’était donc présenté à la présidentielle de 1988, il y a près de 30 ans déjà et oui, ou il avait fait à peine plus de 3%… Antoine WAECHTER dont on retiendra, grâce aux Guignols cette citation pour l’Histoire « Brice, tu t’exclues toi-même du mouvement »… le mouvement écologiste étant à l’époque composé d’eux deux tout seuls.
Autre poisson d’avril en politique française… c’est une brève dans Libé cette fois… concernant Xavier BERTRAND, président de la région Hauts-de-France… Xavier BERTRAND qui s’était fait le chantre du non-cumul des mandats et qui a mis sa promesse en application, comme nous l’explique Libé : il a démissionné de ses postes de député, et de maire de Saint-Quentin… Mais… mais… il a tout de même gardé un poste de conseiller municipal, poste qu’il cumule avec la présidence de l’agglomération de Saint-Quentin. Ça c’est pour l’info… la blague, la voilà : comme en tant que député maire, Xavier BETRAND gagnait 8300 euros brut par mois… somme qui a largement fondue en démissionnant… il vient donc de faire voter en douce une augmentation de 4000 euros de son indemnité de président d’agglomération. La bonne blague que voilà.
Et enfin, parce qu’on peut aussi faire des blagues à l’international… une petite dernière pour la route… c’est dans l’Huma cette fois, une citation, l’air de rien… de Bachar AL ASSAD, grand humoriste s’il en est, qui aurait déclaré : « Y a-t-il une volonté populaire pour tenir des élections présidentielles anticipées ? Si oui, je n’ai pas de problème avec cela. »
Il faut dire que l’air du temps n’est pas vraiment à la grosse marrade Nicolas…
Oui bon si vous le prenez sur ce ton… vous n’auriez pas forcément tort, et c’est également ce qu’écrit Roger POL DROIT dans son billet dans les Echos : « Du bon usage du poisson d’avril ». « Evidemment, le cœur n’y est pas. Alors que l’Europe vit sous la menace terroriste, hésite encore à se battre, se disloque au sujet des migrants, s’interroge sur son avenir, vouloir monter des canulars paraît tout à fait hors sujet », écrit l’essayiste.
Et pourtant… « Ne pas croire tout ce qu’on nous raconte. Cesser de gober, sans réflexion ni sens critique, les histoires les plus invraisemblables. Savoir rester vigilant, attentif, autonome envers les fables que charrient les rumeurs ou que relaient les médias. Si les poissons d’avril servaient à cela, ce ne serait déjà pas si mal ! » estime Roger POL DROIT, qui conclut : « Peu importe, donc, que les canulars soient en ce moment hors de propos. (…) Ce n’est pas qu’il conviendrait de rire quoi qu’il arrive, pour garder le moral. C’est plutôt qu’il faut commencer par prendre conscience de notre propre bêtise, de notre propre naïveté – pour mieux veiller à en sortir. La leçon, [vous en conviendrez] n’est pas inutile »
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