Mémoires pour Simone par Chris Marker

France Culture
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Alors que les regards vont être rivés sur Claire Chazal qui va présenter ces derniers journaux télévisés ce weekend sur TF1, nous portons notre attention sur un autre programme : un documentaire sur Simone Signoret, signé Chris Marker qui sera diffusé dimanche soir sur Arte…

Simone Signoret, dans le film Thérèse Raquin en 1953
Simone Signoret, dans le film Thérèse Raquin en 1953
© Sipa - RONALDGRANT/MARY EVANS

Ce documentaire, il s’intitule « Mémoires pour Simone » et c’est un trésor resté longtemps caché dans l’œuvre de Chris Marker, grand cinéaste mort en 2012, dont on connaît les films, comme La Jetée (1962), Le Joli Mai (1962). Chris Marker était un ami proche de Simone Signoret, il la connaissait depuis le lycée. Ils avaient tous les deux été élèves au lycée Pasteur, à Paris. Quelques mois après la mort de l’actrice, en 1985, sous l’impulsion de Gilles Jacob, qui souhaitait lui rendre un hommage particulier pendant le festival de Cannes, Yves Montand et Catherine Allégret ont demandé à Chris Marker de réaliser un film qui prendrait la forme d’un portrait libre, dans lequel le ciénaste poserait un regard personnel sur la carrière, mais surtout le tempérament de son amie d’enfance.C’est le comédien François Périer, plusieurs fois partenaire de Simone Signoret à l’écran qui prête sa voix à l’écriture de Chris Marker dans ce film, on écoute un extrait d’une des toutes premières séquences : Ce film hommage à Simone Signoret est avant tout un film de Chris Marker, c’est-à-dire celui d’un cinéaste maître du montage, d’un créateur qui, en puisant dans les archives personnelles que Montand et Signoret conservaient dans leur maison d’Autheuil-Authouillet propose un portrait-hommage qui ne ressemble à aucun autre. Il n’y a pas ici de témoignages de proches de l’actrice, face caméra, qui viendraient commenter, raconter, revisiter la carrière de la star disparue. Le film est entièrement et exclusivement constitué d’extraits de films dans lesquels à joué Simone Signoret, d’interviews qu’elle a donné à la télévision au cours de sa vie, et de passages lus tirés de son autobiographie « la nostalgie n’est plus ce qu’elle était » parue en 1975. Le commentaire écrit par Chris Marker qui éclaire le documentaire ne vient jamais illustrer, expliquer ce que l’on voit à l’image. Il apparaît plutôt comme une évocation poétique, affectueuse et amusée, celle d’un ami qui n’a jamais perdu de vue l’adolescente « drôle » et « courageuse » qu’il a connue au lycée.D’ailleurs, en réalité, ce film d’à peine plus d’une heure est une sorte de poème cinématographique, intuitif, qui frappe par sa liberté formelle, par sa modernité.

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François Perrier à propos de Signoret

35 sec

Pourquoi, est-il resté caché si longtemps ?

Pour des raisons juridiques essentiellement. Chris Marker l’avait réalisé à la hâte, avec des moyens dérisoires mais de façon très inventive, en utilisant des archives dont il n’avait pas obtenu les droits. Alors après avoir été montré lors de la 39ème édition du festival de Cannes, en 1986, il est resté invisible pendant près de 30 ans ! On a pu le revoir une première fois il y a deux ans au moment de la rétrospective Chris Marker du Centre Pompidou, à Paris. Cette diffusion, dans le cadre d’une soirée spéciale Simone Signoret, ce dimanche soir à 22h40 sur Arte, juste après Les Diaboliques d’Henri-Georges Clouzot est peut-être la dernière avant un long moment, alors, il faut s’en imprégner.

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