Alors que se termine aujourd’hui la COP 21, focus sur les photographies scientifiques et artistiques de Masanao Abe (1891-1966), comte japonais passionné de météorologie, et amoureux du Mont Fuji. Présentée jusqu’au 17 janvier au musée du Quai Branly, à Paris, l’exposition « Le Comte des nuages, Masanao Abe face au Mont Fuji » est un condensé poétique de l’étude méthodique des corrélations entre les nuages et les courants atmosphériques sur le mon Fuji qu’il mena pendant près de 50 ans.

Le comte Masanao Abe, né en 1891 et mort en 1966, est sorte d’aristocrate samouraï, dévoué à la météorologie et à la capture d’images statiques et animées de nuages. Ses photographies et ses films font l’objet d’une exposition intitulée « Le comte des nuages, Masanao Abe face au Mont Fuji », qui présentée jusqu’au 17 janvier au Musée du Quai Branly, à Paris. Elle rassemble des instruments de mesure, des appareils photos utilisées par le scientifique japonais, mais aussi un ensemble impressionnant de clichés en noir et blanc du Mont Fuji, toujours survolé par des nuages. Car, au-delà de cette montagne vénérée au Japon et désormais inscrite au patrimoine mondial culturel de l’Unesco, ce sont les corrélations entre les nuages et les courants atmosphériques qui passionnaient Masanao Abe. Grâce à l’observatoire de recherche qu’il avait fondé dès 1927, il a pu les étudier pendant près de 50 ans.

« Nuage suspendu »
L’angle de prise de vue est très souvent la même d’une photo à l’autre. Le Mont Fuji y apparaît en contre-plongée, imposant. Sa base sombre forme une ligne horizontale traversant le cadre, et ses flancs qui semblent s’élever en pente douce deviennent blancs en s’approchant de son sommet. Le Mont Fuji est immuable, et pourtant les photographies ne sont jamais les mêmes, car justement, les nuages qui le surplombent, qui tournent autour de lui, qui effleurent ou étouffent son sommet ne sont jamais les mêmes.
Le scientifique japonais a répertorié 16 espèces de nuages au fil de ses recherches, mais chacune d’elles a de nombreuses variations. Il y a notamment celui que l’on appelle le « nuage suspendu », qui ressemble à un cygne déployant ses ailes. Ce nuage immobile en apparence est le cousin japonais d’un autre nuage que Masanao Abe avait observé au dessus de l’Etna lors d’un voyage, et que les Siciliens appellent « comtesse des vents ».

Photos scientifiques, images poétiques
En observant ces photographies, on a aussi en tête les « Trente-six vues du Mont Fuji », la célèbre série d’estampes d’Hokusai. Les volutes vaporeuses et les vagues voluptueuses de nuages qu’on y voit font aussi penser aux photographies de l’américain Alfred Stieglitz (1864-1946), au dessin de Man Ray intitulé « Des nuages dans les mains » et au poème de Paul Eluard qui l’accompagne...
C’est l’un des atouts de cette exposition. Elle nous fait approcher des problématiques scientifiques, météorologiques par des images poétiques que chacun peut faire dialoguer avec ses références, son imaginaire personnel.
Dans la première partie du catalogue qui l’accompagne, on découvre d’autres photographies du Mont Fuji, celles de l’artiste Koyo Okada (1895-1972). A propos de la célèbre montagne, le photographe dit : « Pour moi, né Japonais, c’est à la fois un père qui exhorte et une mère affectueuse, qui me narrent la dignité de la nature et le bonheur de la vie humaine ».

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