Diego Vecchio, Camille de Toledo. Histoires naturelles

Mettez un livre dans votre moteur...
Mettez un livre dans votre moteur... ©Getty -  Margaret Bourke-White/The LIFE Picture Collection
Mettez un livre dans votre moteur... ©Getty - Margaret Bourke-White/The LIFE Picture Collection
Mettez un livre dans votre moteur... ©Getty - Margaret Bourke-White/The LIFE Picture Collection
Publicité

Une salle des machines qui jette l'ancre au beau milieu de cette institution étrange que sont les muséums d'histoire naturelle pour questionner le désir de conservation des espèces, depuis le XVIIIe siècle, et où l'on croise Charles Darwin et James Smithson, et autant de vérités que de légendes.

Avec

Entretien avec Diego Vecchio

Mathias Enard s'entretient avec Diego Vecchio. Romancier, auteur de Microbes et Ours (L'Arbre vengeur), Diego Vecchio a grandi à Buenos Aires avant de s'installer à Paris en 1992. Spécialiste de l’œuvre de Macedonio Fernández, il enseigne la littérature hispanique à l’Université de Paris VIII. Nourri du plaisir de raconter des histoires, son dernier roman, L’extinction des espèces, raconte la création du premier musée états-unien, en 1910, et déploie à partir de l'histoire de son fondateur, James Smithson, de multiples fictions autour de la science naturelle et du désir de conservation. C'est en écrivain et non pas en historien d'art ni en commissaire d'exposition que Diego Vecchio s'est plongé dans l'histoire de ce musée américain, mû au départ par un sentiment de profonde perplexité devant l'institution muséale.

Diego Vecchio : Si on y réfléchit, un musée, est un lieu très bizarre, non ? Il y a des momies, des squelettes, des tableaux, des masques. On y est surveillé par des gardiens qui nous regardent d’un œil méfiant. On a l’impression parfois d’être dans une boucherie, un cimetière, une morgue, voire une maison close, C’est cette étrangeté des musées qui qui m’a poussé à commencer l'écriture de L'extinction des espèces.

Publicité

Sorte de wunderkammer de la narration, L'extinction des espèces joue à créer des fictions à partir de vérités scientifiques établies, en leur faisant emprunter d'autres chemins, en prenant leur contre-pied, et ce n'est pas la moindre de ses facéties, en tentant de répondre à la question : et si l'homme descendait de l'écureuil ?

Diego Vecchio : J’ai essayé d’imaginer la nature en train d’écrire. A chaque fois qu’il y a une extinction de masse, c’est comme si on effaçait quelque chose pour réécrire quelque chose. On pourrait considérer l’extinction des espèces comme "la rature des espèces". Je parle en tant qu’écrivain, je ne suis pas en train de dire quelque chose sur l’état actuel de la planète. A partir de ce que racontent les scientifiques, j’ai voulu construire des récits imaginaires. Avec à la fois le côté négatif la destruction, la disparition, l’extinctionmais aussi la dimension de reconfiguration, de renaissance, de régénération qui lui sont associées. J'ai vu dans tout ce que la science rejette, l’envers de la science, une sorte de fête pour la littérature. Imaginer que l’homme descendrait d’un écureuil par exemple, cela changerait l’histoire de la vie. 

  • Diego Vecchio, L'extinction des espèces (traduit de l'espagnol par Isabelle Gugnon) Grasset
À réécouter : Pourquoi les musées ?
Le Cours de l'histoire
51 min

Le message de Camille de Toledo

On se souvient qu’autrefois, dans les paquebots et les cargos, de magnifiques transmetteurs d’ordres en cuivre faisaient résonner les instructions de la passerelle jusqu’aux entrailles du navire.

On dit écrire la légende d’une photographie et l’on entend par là que le texte en légende vient attester de ce qui est là sous nos yeux, il apporte des précisions, des compléments, nous aide à saisir certains éléments graphiques qui autrement resteraient obscurs. Dans un tout autre sens, nous connaissons ce mot "légende" celle qui n’atteste de rien, ne complète pas mais qui fait une liaison entre le passé lointain et l’avenir aussi. Ecrire la légende on l’entend alors avec des oreilles d’enfant, les histoires ancestrales, les légendes du temps jadis... Dans ce sens-là on se moque de connaître la vérité de la légende, pourvu qu’elle aille puiser dans le puits noir du temps, là où la mémoire défaille. Ce sont alors les légendes du nord, les légendes et les mythes de la Grèce antique, et tant d’autres encore. Et en dépit de ces deux sens qui semblent s’opposer, la légende tendue vers le vrai qui certifie le document, et celle des cultures ancestrales reliées à un monde où seule la persistance à travers les âges la légende trouve un point de réconciliation : c’est la capacité qu’elle a de traverser le temps : une légende c’est une façon de ne pas oublier.

Camille de Toledo : "Une légende c’est une façon de ne pas oublier"

2 min

  • Camille de Toledo, Thésée, sa vie nouvelle, Verdier
Par les temps qui courent
43 min

Le caillou dans les poches

Michel de Montaigne est un homme du XVIe siècle dont l’œuvre se situe à un moment charnière de l’histoire des idées et de la langue française. Dans son essai magistral, Pierre Manent reconstitue la pensée politique de Montaigne et les transformations de son siècle.

Pierre Manent, Montaigne, la vie sans loi, Flammarion, coll. Champs

À réécouter : Les vies de Montaigne
Répliques
51 min