Entretien avec les romancières Dima Abdallah et Alia Mamdouh, représentation de la virilité

Vue sur la ville de Bagdad, en Irak
Vue sur la ville de Bagdad, en Irak ©Getty - Rasoul Ali / EyeEm
Vue sur la ville de Bagdad, en Irak ©Getty - Rasoul Ali / EyeEm
Vue sur la ville de Bagdad, en Irak ©Getty - Rasoul Ali / EyeEm
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Une salle des machines consacrée aux hommes et à certaines images de la virilité,en compagnie de Dima Abdallah autrice de "Bleu Nuit" aux éditions Sabine Wespieser. Puis l'autrice Alia Mamdouh dont "Comme un désir qui ne veut pas mourir" paraît aux éditions Sindbad nous ouvrira sa salle des machines

Comme le dit Albert Camus dans La Chute : "Heureusement, l'excès de la jouissance débilite l'imagination comme le jugement. La souffrance dort alors avec la virilité, et aussi longtemps qu'elle."

Les invitées du jour

Mathias Enard reçoit les romancières Dima Abdallah et Alia Mamdouh.

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Une voix masculine, entretien avec Dima Abdallah

Bleu nuit de Dima Abdallah, paru aux éditions Sabine Wespieser, est un roman du souvenir, du trauma. La romancière fait le choix d'une voix masculine, qui nous raconte son histoire. Un personnage qui lui est apparu comme une évidence : "ce ne sont pas des idées qui me viennent, ce sont tout de suite des phrases. Et quand ces voix s'invitent, je sais que cela va donner un texte."

Le narrateur, un homme isolé du monde qui apprend soudainement la mort de la seule femme qu'il a aimé, décide de jeter les clés de son appartement et de vivre dans la rue. Dima Abdallah rapporte "les personnes échouées m'ont toujours profondément bouleversée. Sans domicile, ça ne veut pas dire grand chose. Ça ne définit pas notre passé, ni notre parcours, ni notre psychologie, ni notre âme. J'ai toujours vu derrière ces silhouettes autre chose que des ombres."

En savoir plus : Bribes sans abri
Création on air
59 min

La disparition du sexe, entretien avec Alia Mamdouh

Comme un désir qui ne veut pas mourir de Alia Mamdouh paraît en France aux éditions Sindbad. Le récit, rédigé à la première personne du singulier, met en scène un ancien communiste machiste qui se rend compte un matin de la disparition de son sexe. Comme le souligne Alia Mamdouh "l'auteur doit parfois aller dans les extrêmes pour découvrir la relation entre le corps, le sexe, la culture, l'autorité, le pouvoir et le langage".

L'histoire met ainsi en lumière les ressorts de la domination masculine dans une société irakienne minée par le culte de la virilité : "nous sommes une nation qui utilise quarante mots différents pour décrire l'amour, mais nous ne savons pas tomber amoureux".

Un caillou dans les poches

Le poète et romancier Joseph Delteil est malheureusement un peu tombé dans l’oubli depuis sa mort en 1978. Romancier de la démesure de la langue, proche à ses débuts de Breton et d’Aragon, il est sans conteste un des auteurs les plus singuliers du XXème siècle. Publié en 1922, Sur le fleuve Amour est un roman de guerre extravagant, au féminin : il raconte les aventures en Asie de Ludmilla Androff, commandant un régiment de femmes ostiaques pendant la guerre civile russe. Lu magnifiquement par Richard Bohringer, Sur le fleuve Amour reparaît en livre audio aux éditions AudioLib.

Le transmetteur de Joy Majdalani, autrice de Le goût des garçons paru aux éditions Grasset

Message de Joy Majdalani

2 min

"A toi, la traîtresse, la mauvaise fille, la renégate. Toi qui t'apprêtes à porter le premier coup contre le déroulé des affaires quotidiennes. Tu as décidé de te soustraire et ton insubordination t'octroie un pouvoir qui effraie. Tu t'es éloignée. Dans cette brèche, tu as découvert un espace de vérité, tu te trouves ingrate et mauvaise de prendre envers autrui pareille liberté, de faire peser sur eux tant de souvenirs troubles, de prendre parmi eux la place de Dieu, de nommer ce qui fut. Le monde usuel, il faut s'en accommoder, en tirer parti au moyen de stratégies et d'arrangements, ne surtout pas le raconter. Là d'où tu viens certaines choses n'ont pas à être énoncées, chacun connaît son rôle, tient sa place. Les règles sont tacites, en les formalisant, tu risques à toi seule de précipiter l'effondrement."

Générique

Archives diffusées

  • Nuit magnétique consacrée à la mémoire, France Culture, 1998.
  • L’heure des rêveurs sur France Inter, le conteur tunisien Nacer Khemir, 2013.

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