Une salle des machines version 2022 consacrée à l’amour de nos grands ainés, réels ou inventés, et à leurs fantômes. Mathias Enard reçoit la romancière Maylis Besserie à l'occasion de la parution "Les amours dispersées" puis l'auteur Bernard Quiriny pour son "Portrait du baron d'Handrax".
- Maylis Besserie Productrice, romancière.
- Bernard Quiriny écrivain
Comme le dit Jean-Paul Sartre, au volume II de ses Situations : "Tout se passe pour nos critiques comme si chaque nouveau prosateur avait inventé une nouvelle manière de parler pour ne rien dire".
Les invité.e.s du jour
Mathias Enard reçoit en première partie la romancière Maylis Besserie puis en seconde partie l'auteur Bernard Quiriny.
La figure littéraire de Yeats, entretien avec Maylis Besserie
Les amours dispersées de Maylis Besserie paru aux éditions Gallimard, s'inscrit dans une trilogie consacrée à l'Irlande, après un premier livre Le tiers temps. Il s'agit d'un récit autour de la figure littéraire du poète irlandais William Butler Yeats et de la lutte pour l'indépendance de l'Irlande. Maylis Besserie évoque le processus d'écriture indiquant "W. B Yeats c'est une présence plus complexe, avec une sorte de capacité à faire des grands écarts entre un côté très sombre et également des élans avec un enthousiasme et un côté flamboyant. Ce poète ne peut jamais être ordinaire !".
Goût du quiproquo, entretien avec Bernard Quiriny
Portrait du baron d'Handrax de Bernard Quiriny ainsi que les Carnets secrets d'Archibald d'Handrax paraissent aux éditions Rivages, un roman où tout aurait l’apparence du vrai, sans l'être tout à fait ! Bernard Quiriny imagine le portrait d'Archibald d'Handrax précisant "tout laisse à penser qu'il est authentique ! je lui donne en quelque sorte réalité et il devient vrai, puisque je publie un livre sous son nom ! ou alors il publie un livre sous le mien !" -ce sont les Carnets secrets d'Archibald d'Handrax-. Bernard Quiriny évoque son intérêt pour les témoignages et traces du passé, il ajoute "entrer dans des intérieurs des années 60', c'est une manière de voyager dans le temps ; vous entrez littéralement dans du passé conservé".
Un caillou dans les poches
Oui bien sûr vous allez me dire, chers auditeurs attentifs, mais l’année Flaubert est derrière nous ! Le bicentenaire de sa naissance tombait effectivement le 12 décembre 2021, il y a rien, il y a très peu de temps – comme l’ondulation qu’il produit à la surface de l’eau s’avance dans toutes les directions, notre caillou célèbre encore, en ce début 2022, le génie rouennais, et plus précisément ses Trois Contes, publiés pour la premières fois par Gustave Flaubert en 1877 et qui reparaissent aujourd’hui dans la collection Points Classique présentés par Aurelia Michel et parmi ces Trois Contes, celui consacré à Saint Julien l’Hospitalier qui est, comme l’explique magnifiquement Aurelia Michel dans sa présentation, un récit pour ainsi dire à la fois orientaliste et normand.
Le transmetteur d'Elsa Jonquet-Kornberg, autrice de Il y aurait la petite histoire -édition Inculte-Dernière marge-
Message d'Elsa Jonquet-Kornberg
2 min
"J'ai commencé à écrire dans un drôle de lâcher prise. Entre deux paragraphes d'un autre roman, je me délassais avec un personnage avec qui je n'avais rien en commun et qui avait tout pour m'inspirer de la méfiance. Un patriarche assis, sûr de lui, pensais-je, qui cherche coûte que coûte à contrôler sa descendance. Je le malmenais et c'était reposant, voire récréatif. Rétrospectivement, j'ai du mal à comprendre ce que je trouvais d'amusant parce que quelques mois plus tard, quand j'ai ouvert mes notes, j'y ai trouvé un personnage souffrant, rongé par l'angoisse de la catastrophe à venir, et plus seulement un sale type qui mérite bien toutes les horreurs qui lui arrivent. Alors, pour lui laisser de la place, je l'ai observé à distance dans sa nouvelle étrangeté. Observer un personnage à distance, c'est paradoxalement lui coller à la peau ; il agit, il pense et au cours de l'écriture, il faut traquer ses mobiles, deviner ses incompréhensions, épier ses émotions."
Générique
Archives diffusées
Dramatique de l’ORTF consacrée aux fantômes, 1966.
Le poète William Butler Yeats lisant son poème L'île du lac d’Innisfree, 1930.
Enrique Vila Matas décrit ses débuts en littérature.
The lake of Innisfree de W. B. Yeats, traduit par Yves Bonnefoy
Que je me lève et je parte, que je parte pour Innisfree,
Que je me bâtisse là une hutte, faite d’argile et de joncs.
J’aurai neuf rangs de haricots, j’aurai une ruche
Et dans ma clairière je vivrai seul, devenu le bruit des abeilles.
Et là j’aurai quelque paix car goutte à goutte la paix retombe
Des brumes du matin sur l’herbe où le grillon chante,
Et là minuit n’est qu’une lueur et midi est un rayon rouge
Et d’ailes de passereaux déborde le ciel du soir.
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