

Une salle des machines qui se construit aujourd'hui autour des mystères de l'identité et du deuil. En première partie, Mathias Enard s'entretient avec Najwa Barakat à l'occasion de la parution de "Monsieur N." puis avec la romancière Emmanuelle Lambert pour évoquer son livre "Le garçon de mon père".
- Emmanuelle Lambert romancière, commissaire d'exposition
- Najwa Barakat Romancière, journaliste.
Le retour à l'écriture, entretien avec Najwa Barakat
Le roman Monsieur N. de Najwa Barakat paraît aux éditions Sindbad-Actes Sud ; il est traduit de l'arabe par Philippe Vigreux. Le personnage de Monsieur N. a cessé d'écrire, il est un survivant dans la brutale réalité du Liban. Et qui est ce mystérieux Loqmane ?
Monsieur N. est en partie mon alter ego. (...) Il a retrouvé l'écriture pour pouvoir exister et pour pouvoir accepter de vivre. (...) Beyrouth était devenu à mes yeux une sorte de métaphore des grandes métropoles où, derrière la belle vitrine, il y a comme ça des bas-fonds où tous les gens maudits de la terre se regroupent et survivent. Najwa Barakat
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L'irruption des souvenirs, entretien avec Emmanuelle Lambert
Le garçon de mon père d'Emmanuelle Lambert paraît aux éditions Stock ; un livre qui entoure le décès de la figure paternelle.
Ce que j'ai vraiment essayé de rendre à travers le travail littéraire, c'est précisément la manière dont les souvenirs font irruption sans qu'on les convoque. Alors, évidemment, on triche un peu puisqu'on écrit, donc il y a un travail de composition et de construction. J'ai essayé de rendre cela sensible, cette manière qu'ont les choses d'émerger à travers le corps, pas à travers une volonté consciente de la mémoire. Je pense que la mémoire passe à travers la chair, les os, le sang et les sensations. J'ai éprouvé cela quand j'accompagnais mon père vers la mort à l'hôpital. Je ne me souviens pas précisément des souvenirs, mais j'ai eu ce sentiment que d'un seul coup, notre vie passée m'arrivait par des chemins complètement incontrôlables et qui étaient liés à la grande matérialité de nos existences. Emmanuelle Lambert
Un caillou dans les poches
Il est des livres dont on ignore si on les déteste ou on les adore, si leur décalage avec notre pensée d’aujourd’hui ne les rend pas, malgré l’importance qu’ils ont pris avec le temps, tout simplement impossibles à juger, voire à comprendre. De l’amour, de Stendhal, que l’auteur de la Chartreuse de Parme publie sans aucun succès en 1822, est de ceux-là. Précis d’amour, l’ouvrage essaye de faire le tour de la question amoureuse, depuis ce que Stendhal appelle "la cristallisation", la passion débutante, en passant par le mariage, jusqu’au désamour et au divorce. Singulier, surprenant, à la fois lointain et proche par l’éternité du sentiment amoureux et la contingence de ses manifestations, De l’amour n’a pas fini de déclencher la polémique. Présenté par la philosophe Geneviève Fraisse, De l’amour de Stendhal reparaît dans la collection Points Classiques.
Le transmetteur de Raphaël Meltz, auteur de 24 fois la vérité (édition Le Tripode)
Alors voilà, cher Georges Perec, vous êtes mort alors que j'avais un peu moins de 7 ans. Vous en aviez presque 46, c'est-à-dire l'âge que j'ai maintenant. Et vous savez, de façon très égoïste, je l'ai regretté moins pour l'histoire de la littérature que parce que j'aurais voulu être plus longtemps votre contemporain. C'est étrange cette histoire de contemporain. Quand j'étais collégien, on m'avait expliqué qu'un écrivain qui m'était contemporain, c'était un écrivain qui avait vécu ne serait ce qu'un moment en même temps que moi, ce qui fait que je n'ai pas été contemporain de Saint-John Perse, mort trois jours avant ma naissance, puis que j'ai été le contemporain de Pasolini, mort alors que j'avais cinq semaines.
Message de Raphaël Meltz
2 min
Archives diffusées
- Entretien de Paul Guimard avec Joseph Kessel, 1956.
- Entretien de Béatrice Clair avec Sylvie Giono, 1995.
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