Le flow des femmes, une autre histoire du rap

Diam's au Paleo Festival à Lyon, 2010
Diam's au Paleo Festival à Lyon, 2010 ©AFP - Eric Catarina
Diam's au Paleo Festival à Lyon, 2010 ©AFP - Eric Catarina
Diam's au Paleo Festival à Lyon, 2010 ©AFP - Eric Catarina
Publicité

Des puncheuses mythiques aux voix émergentes, petit tour d'horizon des femmes dans le rap, des États-Unis à la Seine-Saint-Denis !

Le rap est désormais le genre musical le plus écouté en France. Aux États-Unis, berceau du hip-hop, cela faisait belle lurette que Lauryn Hill, Missy Eliott, et plus récemment Cardi B ou Nicki Minaj dominaient les charts et le genre. Dans les pays francophones, et plus largement, en Europe et en Afrique, les rappeuses étaient quant à elles, presque invisibles, ou plutôt inaudibles. "Étaient" parce qu’il se passe quelque chose en ce début d’année 20 : On semble enfin écouter les rappeuses et les regarder.
La série Validé sur Canal+ dédiée au monde du rap, consacre sa deuxième saison aux rappeuses. Arte leur a également dédié une excellente série documentaire Girlhood.
Les rappeuses sont plus que jamais présentes, en 2022. Elles ont pris d'assaut les charts et les réseaux sociaux avec des sons qui se démarquent nettement des propositions habituelles, par le propos qui adresse souvent la question du genre mais aussi musicalement, puisqu’elles revendiquent des influences plus larges que celle du rap pur qui les a si longtemps ignorées.

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

Diam’s, l’exception qui confirme la règle

On est en 2006 quand sort « La boulette », qui connait un succès phénoménal et aboutit à ce paradoxe : le rappeur francophone le plus influent et le plus vendeur de la décennie 2000 était en fait une rappeuse. On croyait à l’époque que Mélanie Georgiardes (le vrai nom de Diam’s), franco-chypriote née en 1980, qui s’est mise à rapper dans l’Essonne, allait enfin ouvrir la voie aux femmes. Il n’en a rien été. Pourtant, Diam’s n’était pas la première rappeuse. Le rap est né de la marge, or la marge de la marge, ce sont les femmes et elles étaient bien là, au début du hip-hop. De la même manière qu’il y a eu aux États-Unis presque autant de pionnières que de pionniers comme Rowanna Shanté à la fin des années 80 ou MC Lyte, la France a connu elle-aussi une ère assez fertile de rappeuses, au début des années 90. Si on les a oubliées, c’est parce que la plupart ont eu des carrières éphémères, comme ce fut le cas pour la rappeuse B Love.

Publicité

Une production de rap en mutation

« Lucy » est le titre de la rappeuse B love qui en 1991 veut rappeler avec cette chanson que le premier homme connu est une femme noire. B Love ne perce pas véritablement à l'époque. Elle est écrasée comme l’immense majorité de ses consœurs par la concurrence masculine mais on peut expliquer la dynamique darwinienne qui se joue alors. Le rap est à l'époque encore un genre mineur. Les maisons de disques qui s’y risquent sont peu nombreuses, et quand les places sont chères, ce sont les hommes, plus nombreux, qui les prennent. La concurrence des pionniers est féroce, et ce sont surtout les rappeurs américains, défricheurs, constructeurs du genre qui s’imposent. Vingt ans plus tard, cette explication ne tient plus et en 2022 ce sont les Français qui dominent le genre musical majeur même si les hommes restent les plus représentés.

Programmation musicale et archives

  • Diam's, La boulette, 2006
  • Archive : B Love sur la question du genre, émission "Les nuits magnétiques", France Culture, 1992
  • B Love, Lucy, 1992
  • Archive : Diam’s sur les thèmes “féminins” de ses chansons, émission “inter treize quatorze”, France inter, 2004  
  • Almä Mango, Joggo, 2021
  • Lala &ce, Toxic, 2021
  • Archive : Casey sur les clichés du rap, émission "Boomerang", France Inter, 2021
  • Casey et le groupe Ausgang, Bonne conduite, 2021
  • Straight Royeur, We’re at war, 1992
  • Oxytocine, Les baisers volés, 2021
  • Archive : Zinée sur sa voix, émission "Par les temps qui courent", France Culture, 2021
  • Zinée, Même pas mal, 2021
  • Lauryn Hill, Doo Wop (that thing), 1998
  • Meryl, Coucou, 2020 
  • Archive : Lætitia Kerfa sur sa vision du rap, émission "Tous en scène", France Culture, 2017
  • Lætitia Kerfa, Rider toute la night, 2021
  • Meriem Nakkach et Nouhaila Arif, Ya el Bnet, extrait de la bande original du film “Haut et fort” réalisé par Nabil Ayouch, 2020

Merci à Ingrid Anne Lecointe de l'INA pour les archives.

L'équipe