Décoloniser la France

Le week-end dernier Dakar et Saint-Louis accueillaient des Ateliers de la pensée, organisés à l’initiative de Felwine Sarr et d’Achille Mbembe, afin de rassembler une vingtaine d’intellectuels, de chercheurs ou d’écrivains, hommes et femmes appartenant à une nouvelle génération de penseurs et penseuses africains ou afro-descendants. Parmi les participants, un certain nombre sont déjà passés par le micro de La Suite dans les Idées, Achille Mbembe a de multiples reprises mais aussi Mamadou Diouf ou Alain Mabanckou. Ce n’était pas encore le cas de Léonora Miano, connue surtout pour les romans qu’elle publie depuis une dizaine d’années mais également auteure de remarquables essais littéraires et politiques, dont certains viennent d’être réunis à l’Arche sous un très beau titre, L’Impératif transgressif. Léonora Miano y revient, par exemple, sur un autre discours de Dakar, prononcé quelques années après celui, tristement célèbre, dans lequel Nicolas Sarkozy n’avait pas honte d’affirmer que l’homme africain n’était pas encore entré dans l’histoire. Cet autre discours de Dakar est aussi un discours présidentiel, celui prononcé par un François Hollande qui avait l’opportunité de répondre à son prédécesseur le 29 novembre 2014, à l’occasion du XVe sommet de la francophonie, et qui osa, contre toute vérité historique, dire ceci : « C’est en français que les peuples se sont décolonisés, en français qu’ils ont accédé à l’indépendance et à la liberté… ». Sylvain Bourmeau