A travers une passionnante enquête ethnographique, l'anthropologue Giulia Mensitieri éclaire avec force les coulisses de l'industrie de la mode, extraordinaire machine à rêves – et donc à précarité.
- Giulia Mensitieri anthropologue, chercheuse au Laboratoire interdisciplinaire d'études urbaines de l'Université Libre de Bruxelles, enseignante à Parsosn Paris.
- Joseph Ghosn Directeur de la rédaction des Inrockuptibles
- Sylvain Bourmeau Journaliste, professeur associé à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, directeur du journal AOC et producteur de l'émission "La Suite dans les idées" sur France Culture
« En dehors du côté spectaculaire de certaines des robes créées par Marie dans le passé — la robe en sorbet, la robe en calycotome et romarin, la robe en gorgone de mer que paraient des colliers d’oursins et des boucles d’oreilles de Vénus —, Marie s’aventurait parfois, en marge de la mode, sur un terrain expérimental proche des expériences les plus radicales de l’art contemporain. Menant une réflexion théorique sur l’idée même de haute couture, elle était revenue au sens premier du mot couture, comme assemblage de tissus par différentes techniques, le point, le bâti, l’agrafe ou le raccord, qui permettent d’assembler des étoffes sur le corps des modèles, de les unir à la peau et de les relier entre elles, pour présenter cette année à Tokyo une robe de haute couture sans couture. Avec la robe en miel, Marie inventait la robe sans attaches, qui tenait toute seule sur le corps du modèle, une robe en lévitation, légère, fluide, fondante, lentement liquide et sirupeuse, en apesanteur dans l’espace et au plus près du corps du modèle, puisque le corps du modèle était la robe elle-même. »
Ainsi s'ouvre Nue, le quatrième et ultime volet de l'ensemble romanesque MMMM, qui a paru en septembre et regroupe les quatre volumes du cycle de Marie de Jean-Philippe Toussaint, soit quatre saisons de la vie d'une créatrice de mode, Marie Madeleine Marguerite de Montalte. Les collections de Marie n'existent pas, ou que dans l'imagination de l'auteur et de ses lecteurs, c'est-à-dire qu'elles existent bien, en fait. Au point d'avoir été récemment montrées au Bozar de Bruxelles dans le cadre d'une exposition consacrée à la mode belge. Est-ce d'ailleurs autre chose que cela la mode, un rêve ? C'est l'une des questions que pose, et à laquelle répond, l'anthropologue Giulia Mensitieri dans son enquête sur les coulisses de cette industrie du rêve, royaume doré de la précarité. Dans la deuxième partie de l'émission, le journaliste Joseph Ghosn, directeur de Grazia, abordera notamment la question du rôle des médias dans cette économie symbolique.
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