Pourquoi nie-t-on à certains la possibilité de se défendre soi-même quand d'autres semblent toujours bénéficier de la "légitime défense" ? La philosophe Elsa Dorlin a mené l'enquête historique, et la romancière Léonora illustre ensuite ce propos en évoquant la situation des hommes noirs.
- Elsa Dorlin philosophe, professeure de philosophie contemporaine à l’université de Toulouse Jean Jaurès
- Léonora Miano Écrivaine, romancière
- Sylvain Bourmeau Journaliste, professeur associé à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, directeur du journal AOC et producteur de l'émission "La Suite dans les idées" sur France Culture
Quoi de commun entre les suffragettes qui, au début du XXe siècle, se mettent au Ju Jitsu, le désarmement systématique des esclaves, la thanato-éthique des juifs du ghetto de Varsovie, les bataillons d’Amazones de la Révolution Française, le Black Panther Party ou les justiciers vigilants gays et trans des Lavender Panthers ? Une certaine philosophie de la violence, c’est à dire une manière de se défendre, répond Elsa Dorlin. Une pratique et une théorie de l’autodéfense, soit le contraire de la fameuse « légitime défense », celle qui voudrait tout excuser. Elsa Dorlin est philosophe, professeur à Paris 8, on lui doit des travaux importants sur la généalogie sexuelle et coloniale de la Nation française, et elle publie dans quelques jours aux éditions de La Découverte Se défendre, une philosophie de la violence. Cet essai brillant s’ouvre par le récit de l’affaire Rodney King, le lynchage par la police de Los Angeles de ce jeune homme africain-américain, un tabassage à l’origine des célèbres émeutes qu’a connu la ville au début des années 90, et cet essai se clot par le rappel de l’affaire Trayvon Martin, du nom de ce jeune noir abattu froidement au nom de la si commode en Floride « légitime défense » par un dénommé George Zimmerman, vigilant de l’Etat racial. L’idée m’est donc venue, logiquement, d’inviter pour la deuxième partie de l’émission, celle qui vise à faire dialoguer les sciences humaines et sociales avec d’autres modes de connaissance, ceux de la culture et en l’espèce de la littérature, la romancière Léonora Miano qui publie en cette rentrée Marianne et le garçon noir, un livre né à la suite d’une de ses interventions dans la presse à propos des violences policières, un livre dont elle a eu l’idée, qu’elle a dirigé et qui regroupe différents textes témoignant chacun de l’expérience des Noirs de sexe masculin en France aujourd’hui. Léonora Miano nous rejoindra donc pour la deuxième partie de cette émission. Sylvain Bourmeau
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