Le Téléthon ou le fond de nos sociétés

Ce week-end se déroule la 30e édition du Téléthon. Comment est-ce tout simplement possible ? Comment une telle manifestation a pu s’installer dans la durée, dépassant longtemps chaque fois ses propres records sans changer en profondeur le dispositif humanitaire original qui la caractérise et en fait sans aucun doute l’une des plus importantes collectes populaires au monde, une machine dont le compteur des promesses constitue le réacteur et qui est capable de réunir en quelques heures et sur une seule cause près de 3% des dons des Français sur toute l’année ? Les critiques n’ont pourtant pas manqué. On a ainsi reproché à ce grand bazar télévisuel au premier chef d’instrumenter les émotions en orchestrant un spectacle avec les souffrances d’enfants malades. On lui a reproché d’instiller l’idée que le financement de la recherche ne devait plus passer par l’Etat. Ou encore de privilégier une cause sur toute les autres… Toutes ces critiques persistent mais en sourdine, elles semblent s’être usées face à ce dispositif singulier de sensibilisation humanitaire qui en fait un modèle de management de la sollicitation. C’est l’une des analyses que proposent Dominique Cardon et Jean-Philippe Heurtin dans Chorégraphier la solidarité, une contribution essentielle au renouvellement de l’anthropologie du don à l’heure des médias électroniques. Sylvain Bourmeau