Joker, le lanceur d’alerte ?

Joker est interpréter par Joaquin Phoenix  dans le film de Todd Philipps
Joker est interpréter par Joaquin Phoenix  dans le film de Todd Philipps - Warner Bros/Niko Tavernise
Joker est interpréter par Joaquin Phoenix dans le film de Todd Philipps - Warner Bros/Niko Tavernise
Joker est interpréter par Joaquin Phoenix dans le film de Todd Philipps - Warner Bros/Niko Tavernise
Publicité

Si vous allez voir le "Joker" de Todd Phillips vous n’en sortirez pas indemne. Vous contemplerez autour de vous les rues en vous demandant non pas si elles vont s’embraser, mais dans combien de temps.

Tandis que le film déclenche une controverse aux États-Unis où il est accusé d’inciter à la violence, ce « Joker » est en réalité un véritable lanceur d’alerte. C’est ma théorie.

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

« Is it just me or is it getting crazier out here ?» - « Je me fais des idées ou c’est de plus en plus la folie? » : la phrase du personnage d’Arthur Fleck qui n’est pas encore devenu le Joker, à sa psychologue, qui n’a pas encore été viré pour cause de coupes budgétaires dans les services sociaux, résonne avec notre présent. C’est un vertige voulu. 

Publicité

Au cœur du réacteur hollywoodien, la Warner, voilà qu’un réalisateur de comédies blockbusters détourne le filon des films de super héros, pour sortir un brûlot dérangeant. Devenu le premier film du genre à recevoir le lion d’or à la Mostra de Venise.

Car si le Joker, grand méchant de l’univers DC Comics, a longtemps incarné un psychopathe au rire démoniaque poursuivant Batman et consorts avec sa horde d’adeptes détraqués, ce Joker-là est un hybride bien plus ambigu. Quelque part entre Taxi Driver, Orange Mécanique et la révolte des Gilets jaunes.

Pauvre, handicapé, agressé, humilié, le joker d’avant le joker, joué par Joaquin Phoenix, va basculer dans une folie meurtrière et vengeresse, à la suite d’une série d’injustices qui ne justifient pas ses actes, mais en font le produit d’une société. Pas seulement américaine. Le produit d'une déréalisation générale doublée d’une casse sociale.

C’est Batman : Killing Joke le comic book d’Allan Moore sorti en 1988 qui a inspiré au réalisateur Todd Phillips, ce Joker symbole des perdants, des méprisés, des écrasés. Figure lointaine du fou des fêtes médiévales ou des marginaux de Victor Hugo broyés par le système des puissants. 

Le "système", ce mot vague et si contemporain, est une expression que l’on retrouve dans ce "Joker" en écho aux récents mouvements de contestation. Et à voir l’insurrection contre la police et les médias, le pillage des magasins, et la guerre aux "riches" qui l’ont bien mérité ("You get what you fucking deserve"), quitte à être assassinés, se dessine dans le film, en creux, la métamorphose d’un climat sur le point de dégénérer.

Juan Branco, l’auteur de Crépuscule, s’en est emparé sur Twitter :

Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.

Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.

Mais le film de Todd Phillips n’est ni une ode ni une dénonciation, il tient sur une corde raide, comme le rire involontaire du Joker. Ce n’est pas un appel au soulèvement, plutôt une sonnette d’alarme intérieure, qui permet à chacun de déclencher sa responsabilité. 

Martin Scorsese qui déclarait récemment que les films de super-héros n’étaient pas du cinéma mais des parcs d’attractions, pourra considérer avec celui-ci une forme hybride : le parc de réflexions. 

L'équipe