Vous souvenez-vous d’Aaron Swartz ? Programmateur informatique et « hacktiviste » (contraction de hacker et d’activiste), il militait pour le libre accès à la connaissance et à la culture.
La concrétisation de l'utiopie d'Aaron Swartz ?
Poursuivi pour avoir copié des millions d’articles scientifiques afin de les rendre accessible au grand public, Aaron Swartz se suicide en 2013 à 26 ans. Mais son rêve lui survit.
Aujourd’hui ce principe de partage et de mise à disposition se généralise face à la crise engendrée par l’épidémie de Covid-19. Impossible de recenser toutes les initiatives qui vont dans ce sens, mais il semblerait que, momentanément du moins, et partiellement bien sûr, l’utopie d’Aaron Swartz se concrétise.
Et si ce changement augurait une évolution durable ? De cette expérimentation pourrait naître une nouvelle économie de la connaissance. Voilà ma théorie.
N’a-t-on pas vu les « Carnets de science » revue semestrielle éditée par le CNRS et habituellement vendue en librairie, mettre ses numéros en ligne gratuitement pendant le confinement ? Tous les manuels scolaires n’ont-ils pas été proposés en libre d’accès par les grands groupes d’édition dés l’annonce de la fermeture des écoles ? Ce ne sont là que quelques exemples, car on ne compte plus le nombre de livres (essais ou romans), de films (fictions ou documentaires), ou encore de concerts, de pièces de théâtre et d’opéras mis à disposition. Des dizaines, des centaines de milliers…
Editeurs, diffuseurs, auteurs, artistes, chercheurs, institutions publiques et groupes privés tous ou presque sont entrés dans ce mouvement de circulation gratuite de contenus.
Qu’en restera-t-il après la crise ?
Comment sera repensé le « droit de partage » des travailleurs intellectuels et des créateurs sur leurs productions ? Passée la solidarité des contingences, mais aussi, certains effets de communication, envisagera-t-on de rétrograder sur ce qui a soudain été librement accessible ?
Evidemment, chacun peut estimer, comme le romancier Michel Houellebecq, que nous nous réveillerons après le confinement dans un nouveau monde qui « sera le même, en un peu pire ». Mais la matérialisation de certains possibles laissera forcément des traces. D’un point de vue négatif comme positif.
La restriction des libertés ou « la tranquille impudeur » avec laquelle il a été accepté que la vie de tous n’avait pas la même valeur, comme le note à nouveau Michel Houellebecq, font potentiellement partie de ce paysage de « l’après ».
Cependant, pourquoi seules les externalités négatives de cette crise se pérenniseraient-elles ? S’il faut craindre, cela n’exclue pas d’espérer. C’est à dire mesurer, au vue de que nous avons pu observer, ce qui pourrait advenir positivement.
Cet espoir lucide et réfléchi, ce « docte espoir », est celui que définit le philosophe et écrivain Ernst Bloch, récemment remis en avant dans une chronique du Monde.
Mobiliser aujourd’hui cet espoir « construit » à partir de ce qui a été démontré comme possible, pourrait notamment amener à poursuivre cet élan de partage des connaissances. Et qui sait ? Rendre un peu plus tangible le rêve d’Aaron Swartz.
L'équipe
- Production
- Réalisation