Grands fonds marins : de l’exploration à l’exploitation

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Horizon : juillet. C'est l'échéance qui revient à l'Autorité internationale des fonds marins, un organisme de l'ONU qui s'est réuni cette semaine à Kingston en Jamaïque, pour établir un code minier et ouvrir la voie à l'exploitation des eaux internationales. Avec quels enjeux ?

Avec
  • Pierre-Marie Sarradin Responsable de l'unité de recherche Etude des écosystèmes profonds

Les grands fonds passent de l'exploration... à l'exploitation. Et les questions se bousculent : que trouve-t-on dans les eaux internationales du point de vue des gisements de minerais ? Mais aussi, plus brûlant : quels sont les risques pour l'environnement ?

"Il faut commencer par dire ce qu'on trouve comme ressources minérales dans ces grands fonds. À environ 4000 mètres de profondeur, dans les plaines abyssales, on trouve des nodules polymétalliques. Des petites boules d'une dizaine de centimètres, chargées en cuivre, en or, en zinc... Une autre ressource, ce sont les dépôts hydrothermaux, qu'on retrouve à proximité des dorsales océaniques, et qui ont accumulé des sulfures, chargés de cobalt, lithium... Et puis il y a une dernière ressource, des croûtes, eux aussi enrichis en cobalt et autres...", explique Pierre-Marie Sarradin.

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Explorer pour protéger

Et le chercheur pointe un paradoxe : la demande en matériel électronique utile à décarboner nos économies est en hausse et ces minéraux peuvent servir à mettre en œuvre la transition énergétique.

La complexité concernant l'exploitation des fonds marins est simple : "On connaît encore mal ces écosystèmes. Et un des objectifs de l'Autorité internationale des fonds marins, c'est justement de continuer l'exploration, pour assurer une préservation des fonds". Les risques liés à l'exploitation des fonds marins existent, mais la recherche peine à quantifier les impacts potentiels et de donner des seuils de dangerosité. "C'est sûr que si vous enlevez un nodule, vous détruisez l'habitat de tous les petits organismes qui lui sont fixés. La question par exemple dans ce cas c'est : existe-t-il d'autres habitats à proximité capables d'accueillir cette vie, ces écosystèmes ?"

Les impacts de l'exploitation sont aussi liés aux technologies utilisées. "La diffusion de sédiments lorsque vous allez chercher vos nodules, par exemple, soulève des questions", souligne Pierre-Marie Sarradin, qui précise : "Il y a aussi des impacts auxquels on ne pensait pas au début. Comme le bruit que vous faites quand vous allez exploiter. Dans les systèmes côtiers, l'ajout de bruit peut avoir beaucoup d'effets sur la vie".