2040, le monde façon puzzle

''en 2040, les grands enjeux mondiaux sont pris en charge par des clubs d'acteurs privés et publics'' Futuribles
''en 2040, les grands enjeux mondiaux sont pris en charge par des clubs d'acteurs privés et publics'' Futuribles ©Getty - David Malan
''en 2040, les grands enjeux mondiaux sont pris en charge par des clubs d'acteurs privés et publics'' Futuribles ©Getty - David Malan
''en 2040, les grands enjeux mondiaux sont pris en charge par des clubs d'acteurs privés et publics'' Futuribles ©Getty - David Malan
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A quoi ressembleront les relations internationales dans 20 ans ? Les Etats devront partager le pouvoir avec de nouveaux acteurs, selon le scénario du think tank Futuribles.

Dans de nombreux récits de science-fiction, les planètes ont remplacé les Etats en tant qu’entités politiques souveraines. Parfois, un Empire règne sur l’univers. Le pouvoir est hyper-concentré, souvent despotique. A la périphérie, c’est l’anarchie qui règne. La démocratie, lorsqu’elle existe encore, est en voie d’extinction.

Que vaut ce scénario pour le très long terme ? Rendez-vous dans quelques siècles. Mais s’agissant des décennies à venir, on peut tabler sur le phénomène inverse, à savoir une déconcentration du pouvoir politique à l’échelle planétaire. Dans 20 ans (pour reprendre le thème générationnel de cette journée spéciale sur Radio France), le multilatéralisme aura changé de visage. De nouveaux acteurs entendent, eux aussi, exercer le pouvoir.

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C’est le pari que fait le think tank Futuribles International, dans un rapport aussi intéressant que roboratif : ‘’Scénarios de rupture à l’horizon 2040-2050’’. Parler de ‘pari’ n’est d’ailleurs pas tout à fait juste puisqu’il s’agit d’un exercice de prospective, lequel se distingue de la prédiction en ceci que les scénarios sont établis à partir de données vérifiables et de trajectoires crédibles.

20 ans plus tard donc : à quoi ressemblent les relations internationales ? Et bien elles ne sont ni tout à fait différentes, ni tout à fait semblables à celles d’aujourd’hui. En principe, la logique reste celle du multilatéralisme ; dans les faits, cette logique est entravée par le jeu des grandes puissances, en premier lieu la Chine et les Etats-Unis, qui se livrent une compétition susceptible de dégénérer en conflit armé : bref, rien de très nouveau sous le soleil (caniculaire) de 2040.

Ce qui change, c’est que le pouvoir est désormais partagé en une multitude d’acteurs, publics et privés, et plus seulement entre les seuls Etats. Les ONG, les fondations, les entreprises… participent directement et activement à la nouvelle gouvernance mondiale. Le défi climatique et l’insécurité numérique poussent ces organisations ‘’directement touchées et menacées, à prendre des initiatives, contournant ainsi le rôle régulateur des Etats’’. Elles n’hésitent pas ‘’à occuper l’espace et à lutter ensemble là où les Etats ne parviennent plus à s’entendre ou à avancer’’.

Une gouvernance d’autant plus ‘’à géométrie variable’’ que les grandes institutions internationales telles le FMI ou l’OMC ont perdu de leur lustre. ‘’Face à un G7 se positionnant de plus en plus comme un club de démocraties occidentales’’, la Chine et la Russie ont mis en place une institution concurrente, le E7, auquel elles convient des pays émergents : Turquie, Indonésie, Brésil, Argentine et Nigéria. ‘’Ce E7 représenterait en 2040 presque 50% des richesses produites dans le monde, alors que le G7 atteindrait à peine 22% du PIB mondial’’.

Ce qui est intéressant dans ce scénario de transition, c’est qu’il n’a rien de révolutionnaire. Pas de ruptures brutales, elles sont quasi impossibles à anticiper. Il s’agit plutôt de laisser grandir des tendances déjà à l’œuvre mais encore marginales : ainsi le rôle joué par la fondation de Bill Gates dans la politique de vaccination ; ainsi la création, par la Chine, de la Banque d’investissement asiatique dans les infrastructures.

Dans un livre publié l’été dernier : ‘’Pour un Conseil mondial de la Résistance’’ (Textuel), la juriste Monique Chemillier-Gendreau se livre elle aussi à un exercice de prospective. Elle défend l’idée d’une dissolution de l’ONU, remplacée par une nouvelle structure politique à vocation universelle : l’Organisation mondiale des peuples, chargée de mettre en œuvre un nouveau Pacte mondial, pour la paix, la sauvegarde de la nature et les droits sociaux.

Projet utopique, qui parait bien moins crédible que le multilatéralisme façon puzzle du scénario élaboré par Futuribles. Moins crédible, mais pas forcément moins désirable.

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