A l'est, du renouveau ?

Vous croyiez peut-être que je serais aussi douée qu'Hervé Gardette pour trouver de bonnes photos et des légendes bien senties ?
Vous croyiez peut-être que je serais aussi douée qu'Hervé Gardette pour trouver de bonnes photos et des légendes bien senties ? ©Getty -  Martin Barraud
Vous croyiez peut-être que je serais aussi douée qu'Hervé Gardette pour trouver de bonnes photos et des légendes bien senties ? ©Getty - Martin Barraud
Vous croyiez peut-être que je serais aussi douée qu'Hervé Gardette pour trouver de bonnes photos et des légendes bien senties ? ©Getty - Martin Barraud
Publicité

Un femme élue présidente du Kosovo, un chanteur populaire qui obtient 19% des voix aux législatives de Bulgarie ; partout des promesses de lutter contre la corruption de systèmes politiques verrouillés. Mais les nouvelles générations de politiques font-elles de nouvelles politiques ?

L’élection dimanche de Vjosa Osmani comme présidente du Kosovo a été interprétée comme un grand pas pour la cause des femmes, dans un pays encore patriarcal. Ce n’est pas faux - d’autant qu’elle a été appuyée par un nombre de parlementaires femmes toujours plus grand -, mais ce n’est pas totalement vrai non plus puisqu’elle est en fait la deuxième à accéder à ce statut, dans la toute jeune histoire du Kosovo, indépendant depuis 2008.

On dit encore qu’elle incarne, avec le Premier ministre Albin Kurti, une classe politique d’une « nouvelle génération »… Là non plus ce n’est pas faux - mais il faut s’entendre sur ce qu’on appelle « nouvelle génération » : Vjosa Osmani est certes jeune, elle a 38 ans… Albin Kurti l’est un peu moins, il en a 46… le même âge (à quelques années près) que tous les politiciens en place depuis l’indépendance… tous se sont d’ailleurs connus très jeunes pendant la guerre contre la Serbie… Ceux qui ont accédé au pouvoir en 2008 ont fini par laisser pourrir le système pour mieux en profiter… C’est sur la promesse d’y remettre de l’air et de la probité, qu’Albin Kurti a été largement élu.

Publicité

« La vérité meurt jeune. Ce que la vieillesse a « appris » est en réalité tout ce qu’elle a oublié » écrit Romain Gary dans La promesse de l’aube… ne nous fions pas à l’âge du capitaine, pour juger de sa capacité à changer de cap quand son pays s’enlise…

D’autant qu’on peut être le plus jeune président d’Europe en prenant ses fonctions… et terminer sa vie en étant toujours président, cette fois le plus vieux… Ce sera sans doute le cas de celui du Monténégro, le seul en exercice à avoir eu une expérience politique… yougoslave… A côté, le président de Biélorussie Alexandre Loukachenko est un jeune premier.

Dans les années 2000 déjà il y a eu dans les Balkans, un grand vent de renouveau, des responsables politiques qui avaient fait leurs études dans des universités américaines, ou britanniques… depuis l’ouest de l’Europe on s’était dit : quelque chose est en train de changer… sauf que ces jeunes sont devenus de jeunes vieux, et qu’ils ont pris goût au pouvoir. 

Prenez encore le cas de la Serbie : le président Vučić, 50 ans, s’est entouré d’une pléthore de ministres trentenaires… Une équipe de jeunes technocrates qui présentent bien. Mais tous ces jeunes en costume de belle coupe ont des diplômes bidons, achetés pour quelques milliers d’euros auprès d’une université de Belgrade comme le raconte l’excellent Jean-Arnault Dérens rédacteur en chef du Courrier des Balkans… La plus solide de la bande c’est… la Première ministre, Anna Brnabić, directrice de PME, femme et lesbienne et sur laquelle compte le président pour son image à l’export… Méfiez-vous néanmoins des portraits par trop dithyrambiques, ils pourraient avoir été brossés à bon prix par une entreprise française de communication, vous en saurez plus sur le site du Courrier des Balkans.

Si vent du renouveau il y a, c’est, dans l’est de l’Europe aussi, la société civile qui l’insuffle…, réclamant partout la fin d’un système corrompu… Les diasporas s’y mettent sérieusement… on les a vues à l’œuvre en février pour les législatives au Kosovo… Les Kosovars installés en Suisse, en Allemagne avaient affrété des centaines de bus pour rentrer voter. Du jamais-vu dans ce pays qui s’est vidé de 10% de sa population en dix ans, pour fuir le chômage massif.

La crise sanitaire a également accéléré ce processus, beaucoup de ceux qui avaient trouvé du travail en Europe de l’ouest l’ont perdu, et sont rentrés, comme au Monténégro d’où sont originaires de nombreux professionnels du tourisme… en Bulgarie aussi, sont rentrées notamment de nombreuses femmes qui s’occupaient de personnes âgées en Espagne, en Italie ou ailleurs… La Bulgarie votait justement dimanche pour des législatives, le premier ministre en place depuis 2009, Boïko Borissov, plus à droite que Viktor Orban et qui gouverne avec une extrême-droite ouvertement raciste.. n’en est pas moins sorti en tête… mais avec le plus faible score de sa carrière politique… Il faudra désormais compter avec les partis issus des grandes manifestations d’avant le COVID contre la corruption… et avec un chanteur de variétés, star de la télé « type » Beppe Grillo bulgare… Dupes ou consentants les nouveaux électeurs, impossibles de savoir, mais on ne pourra plus leur reprocher de voter avec leurs pieds.

L'équipe