

Depuis quelques jours, le site doublepeine.fr donne vie aux statistiques en leur associant des centaines de témoignages, venus de la France entière.
Les chiffres sont là depuis longtemps déjà. Un seul exemple : selon une enquête menée par le collectif #NousToutes, 66% des femmes font état d’une mauvaise prise en charge par les forces de l’ordre, lorsqu’elles ont voulu porter plainte pour des faits de violences sexuelles. Depuis quelques jours, le site doublepeine.fr donne vie à ces statistiques en leur associant des centaines de témoignages, venus de la France entière. Des femmes victimes de violences sexistes ou sexuelles, rapportent leur expérience dans un commissariat, où elles espéraient trouver soutien, écoute et accompagnement. Ainsi à Grenoble, à une femme violée : "Si on arrêtait tous les mauvais baiseurs on ne s'en sortirait plus.", dixit un policier. Dans un commissariat de Paris, à une femme violée : "Ça devait juste être un coup rapide dont vous n'étiez pas très fière.", dixit un policier. Dans un commissariat de Troyes, à une femme violée de ses 11 à 15 ans… "Un adulte qui fait faire une fellation à une ado ça me choque pas.", dixit une policière. La liste est longue de ces témoignages déposés par des victimes sur ce site sécurisé. Constance Vilanova, journaliste et militante féministe, membre de Double Peine, nous décrit l’origine de l’initiative doublepeine.fr qu’elle a participé à lancer.
Ce qui frappe dans les témoignages, ce sont les constantes, les récurrences qui traversent les interactions rapportées. On lit, on devine le manque d’empathie auxquelles les victimes se confrontent. On découvre, on perçoit les humiliations répétées. Le découragement, surtout, pour les dissuader de déposer une main courante, de porter plainte, de se lancer dans un combat judiciaire.
Comme vient de le rappeler Constance Vilanova, l’initiative #DoublePeine est partie du commissariat central de Montpellier où l’activiste Anna Toumazoff a relayé l’expérience d’une femme de 19 ans, victime de viol, qui condamnait la manière dont elle a été reçue par les policiers ; alors que la cellule de gestion des violences sexuelles du commissariat était dirigée par une femme. Pour les représentantes du mouvement, la priorité et l’urgence vont à la prise de conscience, à la sensibilisation et à la formation.
En théorie, tout est là pour qu’une transition s’enclenche et que des moyens, de la formation, des accompagnantes soient déployées. Les chiffres, les témoignages en nombre, le soutien de professionnels de terrain, dont une centaine hier, dans le Journal du dimanche, tirait la sonnette d’alarme. Pourtant, rien ne se passe. L’État parle de "diffamation", de "propos qui discréditent l’action de la police". Les syndicats se braquent. Quant au Gouvernement ? Aucune réaction. Heureusement, il reste encore sept mois. Sept mois durant lesquels l’égalité femmes-hommes reste la grande cause du quinquennat.
L'équipe
- Production
- Collaboration