La crise écologique, comme dans un fauteuil

les personnes en situation de handicap sont plus vulnérables face au catastrophes naturelles
les personnes en situation de handicap sont plus vulnérables face au catastrophes naturelles ©Getty - Madcat Madlove / EyeEm
les personnes en situation de handicap sont plus vulnérables face au catastrophes naturelles ©Getty - Madcat Madlove / EyeEm
les personnes en situation de handicap sont plus vulnérables face au catastrophes naturelles ©Getty - Madcat Madlove / EyeEm
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C'est aujourd'hui la journée mondiale des personnes handicapées. Une population à la fois vulnérable et résiliente face à la transition écologique.

A première vue, voilà un sujet, le handicap, qui n’a pas grand-chose à voir avec le thème de cette chronique : la transition écologique. Le changement climatique et l’érosion de la biodiversité menacent l’ensemble de la population, sans discrimination. 

Et pourtant…

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Prenez la question du handicap physique, et songez à ce que cela veut dire lorsque vous êtes dans cette situation, et que vous êtes confrontés à des épisodes météorologiques extrêmes et à d’autres formes de catastrophes naturelles, comme par exemple les tremblements de terre. Si vous êtes dans un fauteuil, l’impact de ces événements va être décuplé. Et cela ne concerne pas seulement les pays en développement. Lors du séisme et du tsunami de mars 2011 au Japon, le taux de mortalité des personnes handicapées a été deux fois plus important que celui des valides.

L’ONG Handicap international en fait le constat. ‘’Dans le monde, seule 1 personne en situation de handicap sur 5 est capable de suivre des mesures d’évacuation sans problème en cas de catastrophe’’. Autrement dit, les 4 autres ne le peuvent pas. C’est d’autant plus problématique que dans de nombreux pays, ces personnes vivent dans la précarité, et sont isolées.

Les conditions climatiques extrêmes ont donc un effet ‘’nettement plus important sur les groupes vulnérables’’ car ils sont ‘’plus susceptibles de vivre dans des zones à risque’’.

La répétition des catastrophes, symptôme de la crise écologique, pose donc bien des problèmes spécifiques en matière de protection de ces personnes. Protection de leur intégrité physique, mais surtout, protection de leurs droits.

C’est cette approche inclusive qu’appuie le Conseil des droits de l’homme de l’ONU. L’organisation se penchait sur cette question en juillet dernier. Parmi les recommandations formulées : une meilleure participation des personnes handicapées aux exercices de préparation aux situations d’urgence, l’aménagement d’infrastructures permettant d’améliorer leur sécurité et leurs chances de survie, mais aussi une information qui soit véritablement accessible, et qui n’exclue pas, par exemple, les déficients visuels et auditifs.

Ce qui vaut pour le handicap physique vaut également pour le handicap mental. Les phénomènes d’exclusion sont même exacerbés, laissant à l’écart des individus qu’on considère comme moins prioritaires que d’autres. Au-delà de la question des infrastructures, comment s’assurer que les droits de ces personnes soient respectés, en cas par exemple d’évacuation liées à des inondations, ou bien de migrations provoquées par le changement climatique ?

Il serait pourtant erroné de ne les considérer qu’à travers leur statut de potentielles victimes. Si leur spécificité les rend plus vulnérables, ils n’en sont pas moins des citoyens comme les autres : ainsi l’ UNAPEI, qui défend les intérêts des personnes handicapées mentales, milite pour que ses membres soient formés aux enjeux de la transition écologique, et qu’ils puissent aussi en débattre.

Ce sont même des interlocuteurs de premier ordre pour nous aider à faire face aux prochaines catastrophes. S’il est une catégorie de la population qui sait ce que signifie la résilience, c’est bien celle-ci. Devoir au quotidien surmonter les obstacles d’un monde hostile : voilà une expérience qui peut être utile à tous.

J’aimerais terminer avec l’extrait d’un ouvrage que j’avais évoqué il y a un an : ‘ ’Braves bêtes’ de l’artiste américaine Sunaura Taylor (éditions du Portrait). Dans ce livre, où elle décortique son quotidien en fauteuil roulant, Sunaura Taylor écrit ceci : ‘la libération des populations handicapées n’aura pas lieu tant que nous porterons un regard validiste et anthropocentriste sur nos environnements et sur les espèces avec lesquelles nous partageons ces derniers’. Il y a fort à parier qu’il y a un lien étroit entre la façon dont une société traite le handicap et la façon dont elle se comporte avec l’environnement. Finalement, l’une ne va pas sans l’autre.

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