Le mouvement punk est-il précurseur de la transition écologique ?

Johnny Rotten chanteur des Sex Pistols en 2008
Johnny Rotten chanteur des Sex Pistols en 2008 ©AFP - FRED TANNEAU
Johnny Rotten chanteur des Sex Pistols en 2008 ©AFP - FRED TANNEAU
Johnny Rotten chanteur des Sex Pistols en 2008 ©AFP - FRED TANNEAU
Publicité

La contre-culture punk, et notamment anarcho-punk a eu sur le véganisme, la permaculture, La Défense des animaux et de la nature, une influence décisive.

"No future", vraiment ? Comme l’ont mis en lumière récemment plusieurs publications en sciences sociales, la galaxie punk et ses courants multiples travaillent, depuis les années 1970, à repousser voire éviter… la fin du monde. Ainsi l’ouvrage Ecopunk, paru aux éditions du Passager clandestin, signé Fabien Hein et Dom Blake, montre comment la contre-culture punk, et notamment anarcho-punk, a eu sur le véganisme, la permaculture, La Défense des animaux et de la nature, une influence décisive.

Car la musique, la chanson, ne sont que la pointe avancée de la galaxie punk, qui est une contre-culture hétéroclite à part entière, une forme de militantisme en soi, qui porte en germe et en action une constellation d’idées et de pratiques collectives, de tentatives, de réalisations concrètes.

Publicité

Pour Valérie Chansigaud, historienne des sciences et de l’environnement, qui a publié en 2019 Les combats pour la nature, aux éditions Buchet-Chastel : "Le grand public n’a guère retenu du mouvement punk que le nom des Sex Pistols. (…) Mais le punk est aussi une démarche politique, car de nombreux groupes expriment une vraie réflexion sociale, notamment en condamnant toute forme de domination à l’égard des êtres humains et des animaux." Valérie Chansigaud, également chercheuse associée au laboratoire SPHERE, nous explique les liens qui unissent cette galaxie… à l’écologie.

Un militantisme punk actif 

Bien sûr, la musique reste le plus puissant porte-voix du mouvement. Le rejet et la critique acerbe du nucléaire ? Le groupe britannique Crass chante en 1978 ”The’ve got the bomb”… ils ont la bombe. Le végétarisme, la défense des animaux, le combat antispéciste ? Le groupe anglais Conflict secoue les foules à partir de 1983 avec ”Meat means murder”, la viande c’est du meurtre. La lutte contre la voiture et pour le vélo ? Le groupe américain Divide and Conquer entonne poétiquement en 1997 "Bike Punx!". "Emmerdons les bagnoles / Insultons-les / Tendons le majeur et occupons toutes les voies !". Enfin… la recette de la tarte végane ? Elle est célébrée dans un chant fameux : "anarcho pie", la tarte anar.

La force des travaux et des publications que nous avons évoqués est de démonter les clichés ; de démontrer que punks et nihilistes, déglingue et entertainement, ne se confondent pas. Car souvent, le militantisme punk n’est pas simplement déclaratif. Ici on crée des communautés rurales autonomes, des bouis-bouis bios. Là on lance des appels à l’éco-sabotage. Au Royaume-Uni, on s’engage contre les autoroutes, où des anarcho-punks parviennent à rassembler en 1996 plus de 8 000 personnes pour arracher le bitume d’une voie rapide. Partout, très vite, ils luttent aussi contre l’écologie de pacotille, le fameux green-wash. Ils organisent des concerts de soutien à la célèbre association PETA de défense des animaux, qui revendique aujourd’hui plus de 3 millions de membres dans le monde. Les ZAD d’aujourd’hui, qui parsèment le territoire français, s’en inspirent encore. Même si le monde anglo-saxon est le premier concerné. Et que la France est largement restée à l’écart du mouvement…

Bien sûr, le punk, souvent corrélé à l’anarchisme, porte en lui-même sa propre limite : structurer une action collective, une lutte écologiste globale, de long terme. Il reste les musiques, les hymnes, qui continuent de se diffuser et d’infuser.  

L'équipe