

Pour la première fois, l'OMS recommande le déploiement d’un vaccin contre le paludisme des enfants en Afrique subsaharienne et dans les zones à risque.
C’est une décision qui a surpris tout le monde. Un moment "historique", selon l’Organisation mondiale de la Santé. "Une percée pour la science, la santé infantile et la lutte contre le paludisme", selon son directeur général. Quoi donc ? Le déploiement d’un vaccin contre le paludisme des enfants en Afrique subsaharienne et dans les zones à risque, recommandé la semaine dernière, pour la toute première fois de son histoire, par l’OMS. Pour le continent africain, où le paludisme tue chaque année plus de 260 000 enfants de moins de 5 ans, cette nouvelle résonne comme un espoir puissant, car le vaccin pourrait permettre de sauver tous les ans des dizaines de milliers de jeunes vies. Voilà pour l’effet d’annonce, l’optimisme nécessaire.
Mais la communauté scientifique, tout en saluant majoritairement une bonne nouvelle, manifeste un enthousiasme tempéré. Elle s’étonne notamment que l’OMS, qui a lancé en 2019 un essai à grande échelle de ce sérum dans trois pays d’Afrique - le Kenya, le Ghana et le Malawi - prenne une décision si rapide. Alors que la fin de l’essai était planifiée pour 2023, Olivier Silvie, directeur de recherche à l’INSERM, directeur adjoint du centre d’immunologie et des maladies infectieuses, nous explique que la décision de l’OMS est d’abord d’ordre politique.
Par ailleurs, le Mosquirix - c’est le nom du fameux vaccin développé par le géant britannique GSK - sera relativement compliqué à déployer d’un point de vue logistique car il nécessite quatre injections. Toutefois, pour beaucoup de chercheurs, ce sérum demeure un outil supplémentaire dans l’arsenal antipaludique et une étape imparfaite, mais décisive, dans la progression de la recherche. Décisive, car l’histoire de la lutte contre le paludisme est jalonnée d’échecs puisqu’au cours des dernières décennies, plus d’une centaine de candidats-vaccins a déjà été testée. Olivier Silvie nous explique les difficultés à développer un vaccin antipaludique efficace.
Le déploiement du vaccin suscite par ailleurs quelques craintes. En effet, il se pourrait que les populations qui bénéficient du Mosquirix se pensent immunisée ; du moins bien protégées et adoptent des comportements risqués ou aient recours à la prévention d’une façon moins appliquée. Selon Olivier Silvie, une part de l’espoir se loge, notamment, dans la technologie de l’ARN messager. D’ores et déjà, les recherches dans le domaine ont été lancées. BioNTech, l’entreprise allemande, célèbre et célébrée pour son vaccin contre la Covid, a déjà prévu un essai clinique du premier candidat vaccin antipaludique à ARN… pour la fin de l’année 2022.
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