Nos amis les arbres

oh ! un arbre avec des mains !!
oh ! un arbre avec des mains !! ©Getty
oh ! un arbre avec des mains !! ©Getty
oh ! un arbre avec des mains !! ©Getty
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Des livres, des hors-séries, des expositions : les arbres sont les grandes vedettes de la rentrée. Mais d’où vient cet engouement ? Pourquoi les arbres nous touchent-ils autant ?

Le germe de la dendrophilie se serait-il échappé par mégarde d’un laboratoire pour nous contaminer tous ? En cette saison où les feuilles commencent à rougir, il n’y en a plus que pour l’amour des arbres.

Rien qu’à Paris, trois expositions leur sont consacrées. ‘’Arbres de guerre’’ à l’hôtel de Retz, ‘’Le rêveur de la forêt’’ au Musée Zadkine, et un des succès du moment, qu’il a fallu prolonger : ‘’Nous les arbres’’ à la Fondation Cartier. A Rouen, depuis quelques jours, et pour plusieurs mois, la forêt domaniale de la métropole accueille une biennale d’art contemporain : ‘’La forêt monumentale’’

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A la vitesse où se répand cette épidémie sylvestre, on verra peut-être bientôt des feuillus poser nus aux ateliers des Beaux-Arts. Quoi de mieux qu’un arbre pour exercer son coup de crayon ?

En ces temps de prise de conscience aiguë de la crise écologique, l’engouement est spectaculaire. L’arbre fait vendre du papier, c’est son côté circulaire.

Si la faculté d’émettre une théorie n’était pas déjà préemptée par ma voisine de bureau, j’aurais bien suggéré celle-ci : de tous les êtres vivants, l’arbre est le seul qu’il est impossible de ne pas aimer. Sauf à se détester soi-même.

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Car il est notre oxygène : sans lui, nous ne pourrions pas respirer. Miracle de la photosynthèse. Quand la forêt brûle en Amazonie, ce sont nos poumons qui appellent à l’aide.

L’arbre nous nourrit. De pommes, de figues, de châtaignes. Certains diront qu’ils nous renvoient à ce que nous n’aurions jamais dû cesser d’être : des chasseurs-cueilleurs.

L’arbre nous protège : de la pluie, des rayons du soleil. Et même de la foudre, à condition de ne pas rester à proximité. Lui n’hésitera pas à se sacrifier.

L’arbre nous apaise. Ses effets sont aujourd’hui bien documentés : en avoir ne serait-ce qu’un dans son voisinage, c’est un gage de sérénité. Au Japon, il en est même qui prennent des bains de forêt.

Il remplace la télé : quoi de plus hypnotique qu’un feu de cheminée ? L’arbre nous réchauffe. J’ai débité quelques bûches cet été, mes bras s’en souviennent encore.

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L’arbre nous ressemble : c’est notre portrait tout craché. N’est-ce pas, Alain Juppé ?

On m'a comparé un jour à un pin des Landes. On a cru me faire de la peine : ça m'a fait un très grand plaisir.

L’histoire ne dit pas si cela a fait plaisir aux pins des Landes. Mais c’est un jeu des ressemblances auquel je vous encourage à jouer.

L’arbre est généalogique. Il en dit long sur notre passé, sur nos racines. Il se transmet d’ailleurs de génération en génération. A la naissance de chacun de ses petits-enfants, mon père a planté un arbre dans son verger.

Il inspire les poètes, les chanteurs. Vous pensez à Brassens ? Je vous réponds Cabrel, ‘’La robe et l’échelle’’ : où le personnage central est un cerisier.

L’arbre enfin, dont on extrait les fibres pour en faire du papier. Dont on fera des livres. Ils sont nombreux en cette rentrée à répondre à l’appel de la forêt. Pour n’en citer que quelques-uns : ‘’Mémoires d’un arbre’’ de Guido Mina di Sospiro, ‘’L’esprit de la jungle’’ d’Iwan Asnawi, ou encore ‘’L’arbre monde’’ de Richard Powers.

Le roman du prix Pulitzer 2019 vient d’être publié en poche. Par souci de traçabilité, on pourrait imaginer - ce serait un juste remerciement - de mentionner le type d’arbre qui a servi à les composer. Pour celui de Powers, je parie sur le châtaigner : lisez le premier chapitre et vous comprendrez.

par Hervé Gardette

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