

L’activité du soleil atteindra le sommet de son cycle en 2025. Entraînant jusque-là une hausse du nombre d'éruptions solaires.
Imaginez – mais vous aurez peut-être énormément de mal – qu'au contact du soleil, à la surface de la photosphère, dans l’interstice rosé de la chromosphère, une somme d’énergie se libère soudain ; sous la forme de rayons X. Les protons, les électrons, les ions entrent alors en scène ; ils accélèrent, tentent d’effleurer la vitesse de la lumière. Le plasma, quatrième état de la matière, se réchauffe alors, encore, et passe de quelques dizaines de millions de kelvins à plus de 100 millions. Au moment de l’éruption, un flash de lumière irradie la couronne solaire et un panache de plasma, parfois de longs filaments, sont projetés à travers les disques circumstellaires. Des radiations saturent le reste du spectre électromagnétique. Puis s’amorce la phase de déclin…
Alerte aux tempêtes solaires
Par l’oreille, par un travail et un effort considérable d’imagination, surtout, vous venez d’assister, comme si vous y étiez, à une éruption solaire. Aussi appelée, nous pouvons désormais le comprendre : tempête solaire. Éric Lagadec, vice-président du Conseil Scientifique de l'Observatoire de la Côte d'Azur et Président de la Société Française d'Astronomie et d'astrophysique, nous explique ce qu’est une éruption solaire et pourquoi leur nombre va encore augmenter jusqu’en 2025.
Le Soleil est entré dans son 25ème cycle d’activité en décembre 2019. Son prochain pic d’activité devrait être enregistré en juillet 2025 et jusque-là, le nombre de tempêtes solaires devrait croître. Mais est-ce dangereux pour nous ? Pour notre système planétaire ? Pour la Terre ? À la fin du mois dernier, le 28 octobre, l’éruption solaire qui se produisit inquiéta l’espace d’un instant plusieurs analystes. Car l’éjection fut crachée par notre étoile dans notre direction, envoyant vers le Sud de la Terre un colossal nuage de particules qui nous frôla de peu. Éric Lagadec détaille les effets très concrets que ces tempêtes de l’au-delà pourraient avoir sur nous.
Quels risques pour la planète Terre ?
Au Québec, cette éruption a immergé 6 millions d’habitants dans le froid et dans le noir. Mais aujourd’hui, une tempête solaire, plus puissante encore, pourrait provoquer un arrêt partiel ou total du réseau Internet, et ce pour plusieurs mois. Chaos absolu ou plénitude retrouvée : impossible de dire ce qu’il adviendrait. Selon les calculs, les risques que des éruptions solaires atteignent la Terre sont réels. La probabilité de vivre un tel événement s’établirait entre 1,6% et 12% par décennie. Cela semble énorme. Alors, prions jusqu’en 2025 et profitons jusqu’alors de ce que ces éruptions peuvent apporter. C’est-à-dire : de la poésie, de la beauté.
Éric Lagadec l’évoque : la plus grande éruption solaire a eu lieu en 1859. En miroir des aurores boréales, elle a aussi provoqué une surcharge électrique sur les réseaux télégraphiques. Certains opérateurs nord-américains ont alors raconté que certaines de leurs stations locales avaient pris feu. Ainsi, en un sens, par le truchement des tempêtes, nous nous rapprochons de la mystique du soleil. Un soleil dont on dépend, tout puissant, qui donne et qui reprend, et dont la colère se manifeste sur Terre. "Et si l'on me demande s'il est dans ma nature de vénérer le soleil, je répondrais : évidemment" écrivait Goethe. Les éruptions ont la force de l’évidence.
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