La maison, refuge et interface de la vie moderne

Femme à sa fenêtre
Femme à sa fenêtre - Israel Sebastian
Femme à sa fenêtre - Israel Sebastian
Femme à sa fenêtre - Israel Sebastian
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Plus que jamais, la « maison » fait converger des enjeux intimes et sociétaux

« Restez chez vous », tel fut le mot d’ordre du premier confinement. Une injonction aux conséquences bénéfiques pour certains, éprouvantes voire dramatiques pour d’autres. L’occasion pour toutes et tous, d’une expérience inédite. Notre monde s’est pendant deux mois, strictement limité aux quatre murs de notre maison, quelle que soit sa forme, quelle que soit sa taille. Il a fallu faire -selon les cas- avec la solitude ou avec les autres. Il a fallu occuper le temps disponible et cet espace intime que pour la plupart, nous avons redécouvert. Dans le rapport que nous entretenons avec notre « maison », avec les objets qui l’occupent et celles et ceux qui l’habitent, il y a eu un avant et un après confinement. L’effet loupe créée par la pandémie a accéléré certaines tendances. Le repli sur soi est devenu socialement acceptable. Le travail a pénétré sans doute de façon pérenne, dans nos maisons sous la forme du « télétravail ». Les inégalités face au logement ont été mises en lumière tandis que la quête de la maison individuelle, qu’il s’agisse d’une résidence principale ou secondaire, est devenue une obsession nationale. Plus que jamais, la « maison » fait converger des enjeux intimes et sociétaux. Quel rapport entretenons-nous aujourd’hui avec elle ? Comment l’époque, la pandémie, les usages numériques modifient-ils notre vie quotidienne et nos relations dans cet espace-temps ?

Invitée : Elsa Ramos, sociologue, maître de conférences à l’Université de Paris, membre du CERLIS (centre de recherche sur les liens sociaux). Elle travaille sur la famille, la jeunesse, la migration et s’intéresse particulièrement aux relations intergénérationnelles à partir de l’étude du « chez-soi ». Elle a notamment écrit sur ce phénomène que l’on appelle communément en France, les Tanguy. Ces jeunes adultes qui tardent à quitter le nid familial.

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Avec les différents confinements, avec la période qu'on traverse, le logement a pris une place particulière. Le logement c'est de l'espace et ce qui avant était scindé - l'espace domestique, l'espace professionnel, l'espace scolaire, l'espace sportif, ludique - se sont retrouvés - avec le confinement et l'assignation à domicile - dans un même espace. 

La décoration n'est pas anecdotique. Ce sont des modalités d'appropriation. On se donne à voir - et pour soi et pour les autres - qu'est-ce qu'on choisit d'exposer dans les pièces dans lesquelles on reçoit des personnes de l'extérieur, qu'est-ce qu'on choisit de montrer et qu'est-ce qu'on choisit de soustraire au regard dans les pièces personnelles. C'est tout ce jeu de tri qu'on fait, qu'est-ce que je choisis de mettre en évidence et pourquoi ? 

La dimension sonore de la cohabitation est fondamentale. Chaque membre de la famille est un être résonnant. 

L'équipe