La sobriété, mode d’emploi

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Minimaliste, frugal, décroissant, altercroissant, voire post croissant… qu’est-ce qu’être sobre ? Est-ce une posture critique à l’égard du capitalisme, un choix de vie appliqué au quotidien ?

Avec
  • Valérie Guillard (Enseignant chercheur) Enseignant chercheur à l’université de Montpellier. Maître de conférences en génie des procédés appliqué au domaine du vivant

« Comme la société du Moyen Âge s’équilibre sur Dieu et sur le Diable, ainsi la nôtre s’équilibre sur la consommation et sur sa dénonciation. » En 1970, Jean Baudrillard écrivait ces mots en conclusion d’un essai intitulé La Société de consommation. Contribution majeure à la sociologie, cet ouvrage de référence est plus de cinquante ans après, fréquemment convoqué lorsqu’il s’agit d’expliquer l’impératif contemporain de sobriété.

Sobriété : un mot autrefois utilisé au sujet de l’alcool, un mot qui circule aujourd’hui dans l’espace public et porte une autre signification mais dont on ne saurait dire ce qu’il engage réellement. Car le propre de cette notion est l’extrême difficulté à la définir. Minimaliste, frugal, décroissant, altercroissant, voire post croissant… qu’est-ce qu’être sobre ? Est-ce une posture critique à l’égard du capitalisme, un choix de vie appliqué au quotidien ? Si 83% des français interrogés par l’ ADEME ( Agence de la transition écologique) souhaitent aujourd’hui vivre dans une société où la consommation prend moins de place, sommes-nous vraiment prêts pour la sobriété ? Qu’implique-t-elle dans nos vies quotidiennes de consommateurs et de citoyens ? A ce moment particulier de l’année, après les fêtes et leur contingent de cadeaux et d’agapes, il nous a semblé intéressant de considérer le sujet.

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Invitée : Valérie Guillard, Professeure des Universités en Sciences de Gestion et marketing à l’Université Paris-Dauphine-PSL. Ses travaux portent sur le comportement du consommateur, notamment l’anxiété sociale et le rapport à l’argent. Elle s’est également intéressée à l’achat d’objets de seconde main et aux représentations du gaspillage. Sa thèse porte sur les individus qui gardent tout, ne jettent rien. Elle a entre autres, dirigé un ouvrage collectif intitulé Du gaspillage à la sobriété. Avoir moins et vivre mieux ? Et publié récemment l’essai Comment consommer avec sobriété ? Deux livres parus aux éditions De Boeck.

Pour la majorité des personnes, spontanément on associe la sobriété au rapport à l'alcool. Aujourd'hui en fait la sobriété c'est un mot utilisé dan l'espace public pour caractériser un mode de vie qui repose sur le moins et le mieux consommer. Le moins consommer ça questionne vraiment la notion de besoin, càd, c'est vraiment se poser la question "Mais finalement est-ce que j'en ai besoin ?" ou alors " A quel besoin finalement cet objet répond ?". Et le mieux consommer c'est vraiment prendre conscience de ce qu'on consomme, càd, avoir la connaissance, la conscience, une réflexivité sur ce qu'on consomme.

L'objectif ultime c'est réduire l'impact sur l'environnement c'est aussi la question des ressources, moins puiser sur les ressources naturelles.

La sobriété numérique c'est : je ne renouvelle pas mon téléphone portable tous les 18 mois. Je n'achète pas et un smartphone et une tablette et un ordinateur et une montre connectée et une télévision qui pour certains ont des usages qui se regroupent. C'est vraiment le matériel qui génère le plus de pollution et le plus d'émission de CO2. (...). La vidéo en ligne c'est 60% du flux des données et c'est celle qui est la plus polluante. 

Pour moi la sobriété c'est repenser son rapport au temps. 

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