Le rire est-il et a-t-il toujours été un antidote aux difficultés de l’époque ?
- Laure Flandrin sociologue
En 2021, dans le -pas très sérieux- classement des World emoji award, l’émoji LOL, celui qui pleure de rire, arrive premier. Ce fut l’émoji le plus utilisé dans le monde l’année dernière. Pandémie, repli identitaire, économie chahutée, crise écologique, les raisons de rire n’étaient pourtant pas si nombreuses.
Le rire est-il et a-t-il toujours été un antidote aux difficultés de l’époque ? Un remède à la mélancolie dont la pratique encourage la production de sérotonine, cet antidépresseur naturel vanté par les coachs en yoga du rire.
Dans notre monde contemporain décrit par le philosophe François L’Yvonnet comme une société de la rigolade, le rire, qu’il soit thérapeutique ou pas, investit tous les champs culturels. A commencer par les médias. Tous les moments de la vie quotidienne. On assiste à une extension du domaine du risible notamment sur les réseaux sociaux où le rire est gage de viralité. Ce qui fut de tout temps un langage commun et universel, est aujourd’hui un fait de société. Tout le monde rit. Mais de quoi, et avec qui ? Et que dit-on de nous lorsque nous rions ?
Je suis plutôt convaincue que le rire est une manière de résoudre des ambiguïtés affectives. Les affects sont ambigus et pour lever cette ambiguïté, le rire est une des formes expressives les plus pertinentes.
Du point de vue des éthologues, le rire est une manière de ritualiser des pulsions agressives. Quelque part c'est une morsure symbolique parce qu'on montre les dents quand on rit. (...). La fonction du rire serait de ritualiser l'agressivité et de rendre possible une socialisation commune.
Souvent les rieurs qui sont misogynes, sexistes ou racistes sont les mêmes, l'exclusion s'organise en système. [...] Un rieur a besoin d'exclure parce que l'autre le menace et le rire permet d'atténuer la menace.
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