"L’adolescence, je ne l’imaginais pas comme ça. Dans les séries c'est différent, c’est toujours tout beau, tout rose." Au collège de Ville-la-Grand, Jasmine et ses copines nous racontent comment elles se débrouillent avec la vie et avec le regard des autres.
Le collège de Ville-la-Grand est à quelques kilomètres à vol d’oiseau de la Suisse et du Lac Léman. Si on ne le sait pas, c’est difficile d’imaginer une grande étendue d’eau si proche de cette zone urbaine transfrontalière de Haute-Savoie. Mais depuis la cour du collège, on aperçoit les montagnes : les Alpes d’un côté et le Jura de l’autre.
Dans les couloirs des deux bâtiments qui portent des noms de sommets – Mont-Blanc et Salève –, Jasmine et Bleuen déambulent avec leur bande bras-dessus, bras-dessous, après un débat houleux en classe sur l’égalité entre filles et garçons. Ariana et Sandrine récitent un slam qu’elles ont écrit la veille, Sheima et Célia assistent à un cours d’éducation sexuelle, Althéa évoque le regard des hommes qu’elle a senti sur elle l’été dernier, pour la première fois…
Elles ont 13 ou 14 ans, elles portent des Air Force 1, des trombones en guise de boucles d’oreille ou des tee-shirts moulants. Elles nous ouvrent la porte sur leurs vies d’adolescentes.
L’adolescence, c’est quoi ? C’est quand ? Ça fait quoi l’amour dans le corps ? Où est-ce qu’on met ses complexes ? Qui l’a déjà fait ? Et la première fois, est-ce que ça compte ? Où naissent les amitiés et les amours ? Que racontent les profils Instagram ? Comment on se débrouille avec la vie ? Et, avec le regard des autres ?
J'ai vraiment commencé à me sentir sexualisée cet été, l’été de mes 13 ans. C'était la première fois que je me sentais autant regardée, autant matée dans la rue. (...) C'est la pire sensation. (…) J'aime les garçons, mais je n'aime pas les hommes.
Un garçon qui couche, on ne va rien lui dire, on va l’applaudir. On va dire : "C’est bien, c’était comment ?" Alors qu’une fille qui couche, on va mal parler sur elle, on va l’insulter. Pourquoi lui, il serait bien traité et elle, on la traite de pute ? Pour moi, ça s’fait pas.
Comme beaucoup d’adolescents, je sors en douce. J’habite au rez-de-chaussée, je passe par ma fenêtre pendant que mes parents dorment. Soit je rejoins des gens, soit je vais me poser à écouter de la musique. Il n'y a personne. Je me sens bien, je me sens libre.
Remerciements : Merci à Anaïs Alessi, Karine Voisin, Josselin Raynaud, Louise Cor, Emmanuelle Durieux, Emmanuelle Fradin, Gérald Bennetot et le personnel du collège de Ville-La-Grand. Et merci à Althéa, Ariana, Khiara, Lali, Lucille, Naïma, Jasmine, Bleuenn, Bulza, Fanny, Shaima, Célia, Sandrine, Louna, Ellea, Sevna, Lamiss, Sudé.
Un podcast de Marine Beccarelli, Léa Capuano, Pauline Chanu et Maïwenn Guiziou. Réalisé par Annabelle Brouard. Prise de son en classe : Thibault Nascimbem
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