"On n'avait pas encore la pilule de mon temps. C'est que j'ai parfois eu la trouille !" À la résidence d’Automne en Ille-et-Vilaine, nous déambulons dans la mémoire de plusieurs dames témoins de l'avancée des droits des femmes. Que reste-t-il de ces batailles gagnées ?
Les feuilles des arbres jaunis tombent aujourd'hui sur la résidence d'automne, une résidence senior pour personnes âgées à Cesson-Sévigné, en banlieue de Rennes. Sur le parking, on peut apercevoir Marie-Claire, une résidente du foyer qui rentre de sa promenade quotidienne le long de la Vilaine. Les mains agrippées à ce qu'elle appelle sa trottinette - son déambulateur - elle salue tous ceux qu'elle croise.
Marie-Claire aime le mot sénior, mais d'autres résidentes n’ont plus peur de se dire tout simplement vieilles. Elles sont nées en 1928, 1932 ou 1948 et après plusieurs décennies d'existence, elles ont trouvé ici une dernière maison et parfois, une dernière famille.
Chacune occupe un studio, décoré par des meubles en bois massif, des horloges qui font "tic-tac" et des photos encadrées aux murs. Au déjeuner ou autour d'une belote au goûter, ça cause beaucoup et ça triche un peu ! Ce samedi, tout le monde est réuni pour l'atelier chorale. Jeanine est assise à côté de sa fille, Marie. Gisèle chante en souvenir d'Albert. Et tout le monde reprend en chœur les mots de Bourvil, sur une vie impossible sans tendresse.
Elles se remémorent le passé. Les souvenirs du premier bulletin de vote dans l'urne, du temps où l'on faisait comme on pouvait quand la pilule n'existait pas, du compte bancaire enfin ouvert sans l'autorisation d'un mari.
Que reste-t-il de ces batailles gagnées ? Comment la place des femmes a-t-elle évolué dans notre société et dans le droit ? Vieillir, ça signifie gagner ou perdre des années ? Qu’est ce qu’on fait quand on fait son âge ? Que se passe-t-il quand on donne une place au passé ?
Je me souviens bien de la première fois où ma mère et mes grand-mères ont pu voter. Elles étaient heureuses !
A notre époque, on apprenait qu’il fallait rester toute seule après la mort. On n'avait pas le droit au bonheur. Un homme avait le droit de se remarier, mais pas nous, pas les femmes.
Le mot de "viol", on ne le disait pas. On disait : "Tiens, encore un qui a fait une bêtise". La bêtise voulait tout dire, aussi bien voler, comme violer.
Je n’ai pas envie d'être amoureuse si c'est pour soigner les rhumatismes d'un vieux !
Remerciements : Merci à Philippe Hamon et Amélie Moulin. Merci Thérèse, Marie Claire, Jeanine, Marie-Claire, Gisèle, Ginette, Perkia, Dominique, Marie, Sylvie, Marie-Thérèse, Emmanuelle, Yvonne, Mme Vallaud et tous les habitants de la résidence senior.
Un podcast de Marine Beccarelli, Léa Capuano, Pauline Chanu et Maïwenn Guiziou. Réalisé par Annabelle Brouard.
Retrouvez le travail d'Eric Larzillière sur son site et son Instagram.
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