

Et si l’Occident perdait le monopole de l’imaginaire ? En janvier la Chine parvenait à déposer une sonde sur la face cachée de la lune, ce que la NASA n’avait jamais réussi à faire. La course à l’espace se double d’une course à l’imaginaire où Pékin vient concurrencer Hollywood.
« The Wandering Earth », long-métrage adapté d’une nouvelle éponyme du maître de la science fiction Liu Cixin, vient peut-être de marquer l’année zéro d’une nouvelle ère. Celle où les usines à rêves américaines ne seront plus les seules à sauver le monde.
Sorti sur les écrans pour le nouvel an chinois le film a déjà réuni 80 millions de spectateurs en 3 semaines. Mais le succès ne se limite pas à l’Empire du milieu. Dans la foulée, la plateforme Netflix annonçait en avoir acquis les droits pour une sortie internationale dans 28 langues.
Une terre gelée d’ici quelques décennies, une humanité qui vit confinée dans des villes souterraines, des fusées, des cosmonautes, et bien sûr un sauveur, et un budget à 50 millions de dollars : qu’est-ce qui différencie ce blockbuster des fables occidentales?
Pour qu’un autre grand récit mondial, un autre imaginaire, une autre fiction nourrissent les pensées contemporaines à la surface du globe, encore faut-il qu’il emprunte de nouvelles voies. A écouter cette bande annonce et ses intonations apocalyptiques si familières, à voir ces images façon « Le Jour d’après » et ces anneaux olympiques des J.O Shangaï de 2044 congelés par -84 degrés, on s’attendrait à voir débarquer Bruce Willis ou équivalent.
De fait ça n’est pas dans la forme du récit que l’alternative fictionnelle se fait, mais sur le fond. D’abord parce qu’il s’agit d’un regard décentré fondé sur la solidarité entre humains, mais aussi sur la solidarité des humains avec la planète terre.
En résumé, l’ONU du futur rebaptisée « le gouvernement Uni de la Terre » est toujours dirigé par les même membres permanents : les Etats-Unis, la France, la Chine, le Royaume-Uni et la Russie, mais elle va prendre la décision collective non pas de partir coloniser une autre planète, mais de propulser la terre entière hors du système solaire. Toutes les régions du monde doivent se mobiliser et s’entraider afin de construire des navettes et lanceurs capables de transporter tous les habitants du monde dans ce périlleux voyage.
Seulement la terre errante (« the Wandering Earth »), a toutes les chances d’entrer en collision avec Jupiter. C’est un chinois membre de la Station spatiale internationale, aidé d’un collègue et ami Russe, qui va enfreindre des ordres donné en français (nouvelle langue mondialisée), et parvenir à sauver et la terre et les hommes. Au-delà du sous-texte géopolitique c’est bien cette ligne solidaire et désobéissante qui offre un nouvel espace imaginaire.
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