Et si la Finlande avait inventé la bibliothèque du futur?

Bibliothèque pour enfants
Bibliothèque pour enfants ©Getty - Hero Images
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Du bruit et des activités créatives avant tout.

« C’est certainement un lieu de bruit et d’activités improvisées en tous genres » : la formule est de la responsable des bibliothèques d'Helsinki, Katri Vanttinen, et annonce l’état d’esprit de ce nouveau « salon pour la nation » qui sera inauguré demain en Finlande. Oodi, c’est son nom en finois : prononcez comme le sweat à capuche mais traduisez par « ode ». Une ode à quoi ? 

La conviction que ce lieu social est une priorité budgétaire mais aussi qu’il doit muter pour s’adapter aux enjeux de connaissance, d’apprentissage et d’égalité. 

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Bien sûr s’ouvrir aux nouveaux supports du numérique, et organiser des événements qui font vivre le lieu dans et hors les murs font partie désormais des missions bibliothèques, mais les penser comme des espaces de distraction et de création c’est agrandir encore un peu plus les portes. 

Ainsi, dans cette nouvelle bibliothèque d’Helsinki, on encouragera même le bruit et le désordre dans un espace qualifié de « loft des nerds ». Terminologie un peu caricaturale dans le genre « ramène ton jeune » mais qui permettra concrètement de construire des objets avec des imprimantes 3D et des découpeuses lasers façon « fab lab », d’emprunter des instruments de musique ou tout simplement de jouer à la console ! Des studios de montage de cinéma et d’enregistrement seront également en accès gratuit. 

Mais plus que la démultiplication des services proposés, ce qui est intéressant c’est la philosophie du lieu : construire les échanges et le mélange. Une fois dans la bibliothèque, tous les hasards de rencontre sont possibles, y compris avec des livres qui existent dans un continuum culturel davantage que comme une catégorie à part. La conversation devient également le présupposé qui se substitue au silence, même si des zones d’étude sont disponibles, l’acoustique est pensée pour ne pas se gêner mais ne pas s’ignorer non plus. 

D'ailleurs la section adulte n’est pas séparée de la section enfants et cohabite sur un grand plateau panoramique qui pourrait s’appeler « la tête de nuages » du nom d’une célèbre ludothèque, on peut y crier d’un côté sans vraiment déranger de l’autre. Une façon du sortir du zonage des activités culturelles par classes d’âges. Et pour développer toutes ces activités les humains méduateurs déchargés des rayonnages par des robots rangeurs.

Pendant ce temps en France, l’Association des Bibliothécaires de France écrivait au nouveau ministre de la Culture dès sa nomination pour connaître les suites qui seraient données au Plan bibliothèque et son élargissement des horaires d’ouverture. Elle réaffirmait aussi son engagement à développer le rôle des bibliothèques dans la politique d’inclusion numérique et la lutte contre les infox, et alertait sur les réductions importantes des services proposés en bibliothèque et les menaces sérieuses de fermeture faute de moyens dans certaines collectivités locales. 

Le modèle finlandais, pays le plus alphabétisé au monde, montre que même en période de coupes budgétaires, un Etat peut mobiliser 98 millions d’euros pour un service public culturel, en en faisant une nécessité impérieuse. D’ailleurs à Helsinki les bibliothèques sont le service le mieux noté, après l’eau potable ! 

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