Le grand débat de la culture aura bien lieu

Scène de théatre vide.
Scène de théatre vide.  ©Getty - Chase Swift
Scène de théatre vide. ©Getty - Chase Swift
Scène de théatre vide. ©Getty - Chase Swift
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La plateforme granddebatculture.fr a déjà commencé à recueillir des arguments, des propositions, et des votes, tandis que le premier débat physique prendra place demain à l’école nationale supérieure des Beaux Arts.

C’est un fait la culture ne fait pas partie des quatre grands thèmes retenus par le gouvernement pour structurer le Grand Débat national, pourtant la fracture sociale qui traverse le pays s’appuie aussi sur une fracture culturelle. On a pu déplorer cette absence, en faire un signal en soi, mais qu’à cela ne tienne, le grand débat de la culture aura bien lieu. Il a été lancé à l’initiative de Beaux Arts magazine et de la Fondation du patrimoine. 

La plateforme granddebatculture.fr a déjà commencé à recueillir  des arguments, des propositions, et des votes, tandis que le premier débat physique prendra place demain à l’école nationale supérieure des Beaux Arts. Une façon de renouer avec l’implication citoyenne de l’institution comme l’a rappelé son directeur Jean de Loisy.

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Un deuxième échange « in real life » est prévu le 10 mars au 104 à Paris, et toutes les collectivités sont invitées à inscrire leur propre débat de la culture sur le site, pour y faire remonter un compte rendu des discussions. Les résultats de cette consultation seront remis au Président de la République et au ministre de la Culture le 15 avril prochain. C’est à dire parallèlement à la synthèse du grand débat national.

Voilà pour les informations calendaires d’une consultation qui peut s’avérer un complément salutaire au débat cadré par l’exécutif. Cette initiative devrait d’ailleurs en principe avoir son oreille, puisque le ministre de la Culture, Franck Riester, a annoncé qu’il serait particulièrement attentif aux propositions qui en ressortiront.

Comme dans toutes les discussions, ce qui compte pour en tirer des idées constructives, c’est la pertinence des enjeux de départ, et des conditions qui permettent d’accueillir au mieux la pluralité des points de vue.

A ce titre, la plateforme legranddébatdelaculture.fr, est plutôt bien conçue. Elle rappelle en préambule que la constitution garantie « l’égal accès de l’enfant et de l’adulte à l’instruction, à la formation professionnelle et à la culture » et part de cette conviction : la culture est un vecteur d’émancipation et d’inscription dans le pacte social. 

En revanche, si chacun peut s’accorder sur ce postulat, il est un autre qui est posé d'entrée de jeu : la démocratie culturelle se fissure, se grippe, se délite. La plateforme propose donc d’ouvrir le débat sur le diagnostique autant que sur les remèdes. Et ce autour de trois grands thèmes : la culture pour tous, l’éducation artistique et culturelle, et le patrimoine. Bien sûr d’autres sujets notamment la rémunération des artistes, et le fonctionnement des équipements culturels peuvent alimenter la discussion.

Si on prend l’exemple de la culture pour tous, la plateforme se base d’abord sur un constat chiffré : les pratiques culturelles varient selon le niveau de vie. En 2015, parmi les 20% des Français les plus riches, 42% ont été plus de trois fois au cinéma dans l’année et 31% ont vu un spectacle plus de trois fois l’an et 39% contre 17% et 10% respectivement pour les 20% les plus pauvres.

Seulement l’obstacle n’est pas seulement budgétaire, et la politique de démocratisation culturelle a montré ses limites. En outre, ces sont souvent les mêmes tranches sociales et les même territoires qui en bénéficient. Pourquoi ? Et que faire pour y remédier ? C’est là que chacun argumente, propose, vote. 

Voici en résumé ce qui ressort déjà des contributions :

- Valoriser l’existant, c’est à dire financer les projets qui irriguent déjà les territoires plutôt que de fonctionner uniquement par appel d’offres, et les aider à se faire connaître. 

- Extérioriser au maximum les institutions car les rendez-vous culturels les plus fédérateurs se font hors les murs dans le partage et dans la fête.

- Sortir d’une politique verticale de l’offre pour faire du citoyen un nouveau commanditaire, tout en initiant toujours davantage à toutes les formes de culture.

- Enfin stopper la destruction des paysages et l’atomisation des espaces de rencontre publics. Décentraliser la beauté pour la faire vivre partout!

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