

Avec une seule réalisatrice en compétition pour 21 films, la 75ème Mostra de Venise s’est bien ouverte hier mais affiche sa fermeture.
La première projection a bien lieu avec First Man le biopic de Damien Chazelle sur l’astronaute Neil Armstrong incarné par Ryan Gosling. Un petit pas pour l’homme un grand pas pour l’humanité… Le premier homme à avoir marché sur la Lune ça n’est pas rien. Mais pendant ce temps là l’humanité piétine. Et si la Mostra s’est ouverte hier, elle a aussi affiché sa fermeture.
Simple calcul : sur les 21 films sélectionnés en compétition, un seul a été réalisé par une femme, l’australienne Jennifer Kent avec The Nightingale. Tout comme l’année dernière sur 21 longs-métrages candidats aux Lions d’or, un seul était signé d’une réalisatrice.
La différence qui fait rire ou pleurer c’est l’espoir. Cette drôle d’idée que quelque chose aurait pu changer… En mai dernier, on avait bien vu des femmes en haut des marches à Cannes réclamer plus de parité. 81 femmes symboles des 81 réalisatrices à avoir présenté un film en compétition depuis la création du festival , pour 1688 réalisateurs.
A l’annonce de la sélection de la Mostra cet été, une lettre ouverte portée par plusieurs associations féministes européennes a bien été adressée au directeur du festival, Alberto Barbera, sur le manque de réalisatrices dans la compétition. Réponse de l’intéressé dans le Hollywood Reporter: « Rajouter un film en compétition uniquement parce qu’il a été réalisé par une femme serait offensant pour la réalisatrice (…) Je préférerais changer de métier plutôt que d’être obligé de sélectionner un film parce qu’il a été réalisé par une femme et non parce qu’il est réussi. » Il avait déjà été clair sur le sujet « si on impose des quotas, je démissionne ».
Elargir le spectre des candidats me paraît pourtant une perspective enrichissante pour le cinéma et ceux et celles qui le regardent. D’ailleurs dans une sélection on est souvent attentif à mélanger les horizons et les origines, pourquoi pas les genres ? Et pas uniquement cinématographiques.
Ah mais oui bien sûr il n’y a pas assez de films faits par des femmes c’est pour ça ! Pourtant chez les étudiants en cinéma, la répartition hommes-femmes est de 50-50 aujourd'hui. Comment en arrive-t-on une à une si faible représentation? Sur les 1500 films proposés pour la sélection à la Mostra cette année, un tiers était l’oeuvre d’une femme, au final on en compte 1/21ème en compétition. Faible ratio. C’est sûrement la dure loi subjective de la sélection, qui oh surprise ! à Venise comme ailleurs revient principalement aux hommes.
On tourne en rond là ou on marche sur la tête ? Au dernier festival d’Avignon, Carole Thibault, directrice du Centre national dramatique de Montluçon, prononçait un puissant discours sur la « non représentation scandaleuse des femmes dans ce festival depuis sa création ». 89,4% d’artistes créateurs hommes contre 10,6% d’artistes créatrices femmes au festival IN encore cette année.
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Bien sûr la qualité esthétique d’une œuvre ne saurait être inféodée au genre ou à la peau. Mais à ce niveau là de blocage, pourquoi ne pas provoquer des mécanismes d’ouverture ? Le monde si libre des arts serait-il fermé ?
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