

C’est la 17ème édition de la Nuit Blanche, mais pourquoi seulement une nuit? Dans la vie métropolitaine du XXIème siècle, pourquoi la culture n’ouvrirait pas la nuit?
Que le fêtard qui ne l’a pas expérimenté me jette la première pierre, la nuit n’est jamais plus belle que quand elle est impromptue. Dissolution soudaine de l’espace temps, discussions sans frein, esprits vagabonds, corps ouverts, et capacité à échafauder des théories ou des projets qui ne verront peut-être jamais le jour. En un mot quand nous sommes surpris par la nuit nous nous surprenons nous même. Ne serait-ce pas là les conditions idéales pour aller au contact des œuvres ?
« N’ayez pas peur de l’art contemporain, ça ne mord pas !» clame le critique et commissaire d’exposition Gaël Charbau en charge de cette 17ème édition de la « Nuit Blanche » à Paris. Loin des clichés abscons, volontairement poétiques et tournées vers le public, les constellations de projets qui seront proposées dans la nuit de samedi à dimanche, ont en commun de privilégier l’expérience des œuvres plutôt que leur réception disons « habituelle ».
Et en ce sens la « Nuit Blanche » qui se prépare a tout d’une nuit rêvée. Car au-delà de manifestations éphémères, il me semble qu’elle laisse la trace en filigrane de ce que pourrait être une politique culturelle « ouverte la nuit ».
Imaginez, vous avez commencé votre soirée, vous vous êtes « enjayé » comme disent les jeunes, et puis soudain vous décidez d’aller voir enfin cette fameuse exposition Alfred Mucha, le maître de l’Art Nouveau au musée du Luxembourg. Ca n’est pas une activité programmée à l’avance c’est un plaisir soudain rendu possible parce qu’après 23h vous avez donc cet « autre » choix.
Mais dans ces eaux là, vous auriez tout aussi bien pu décider d’aller vous plonger dans les expositions « Miro » ou « Eblouissante Venise » au Grand Palais qui feront donc (ce samedi uniquement,) nocturne jusqu’à 1h.
Continuons le périple, et les possibles scénarios. Il est beaucoup plus tard, et pour mille raisons vous n’avez pas envie de dormir.
A 1h vous allez écouter une intégrale de l’œuvre pour piano d’Erik Satie à la Philharmonie... Il aurait aussi pu être 3h et vous partiez rêvasser devant la merveilleuse salle des Nymphéas de Claude Monet à l’Orangerie, emporté par un concert de musique de chambre jusqu’à 4h de matin. Ou vous allez danser comme des guerriers au son de DJ Lindstrøm aux Invalides.
Enfin imaginons qu’il soit beaucoup plus tard. Vous auriez pu chercher un dernier bar, un club, un film, un livre, une série, ou convaincre une bonne compagnie de passer aux choses sérieuses, mais parmi toutes ces options vous en avez encore une autre (qui n’exclut pas les autres) : courir comme des enfants dans le Zoo de Vincennes. Ce samedi pour une nuit donc, ce sera à travers un parcours immersif autour du célèbre rocher de Charles Letrosne jusqu’à 6h du matin. Une balade musicale pavée de rêves et hantées par Jules Verne, conçue par le scénographe Philippe Quesne.
Si ces expériences ne dureront qu’une « Nuit Blanche », elles rappellent que la vie culturelle au XXIème siècle dans les grandes métropoles ne saurait-être exclusivement diurne, et plus précisément ne saurait vraiment s’arrêter 23h. Car au-delà des quelques nocturnes peu tardives et du plan bibliothèques ouvertes le soir et le week-end, il reste d’autres portes à ouvrir. Et des emplois à inventer pour les veilleurs de nuit de la culture.
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