

La zone euro va emprunter 900 milliards d'euros en 2017, soit 30 milliards de plus qu'en 2016. Or les taux d'intérêt sont en train de remonter. Les investisseurs s'inquiètent des risques politiques en France.
2017 ne rime pas qu'avec fête ou mimolete, cela rime aussi avec dette, et 2017 sera un bon cru dans l'Union Européenne et la zone euro en particulier. C'est aujourd'hui que la France lance son premier emprunt de l'année: 9 milliards et demi d'euros, dont une partie empruntée sur 50 ans, qui viendra donc à échéance en 2067. Certains d'entre vous seront alors peut être centainaire. Avouez que cela donne le vertige.
Vertige du temps et des montants.
Au total, les Etats de la zone euro ont prévu d'emprunter 900 milliards d'euros sur 2017 annonce les Echos qui en fait sa une ce matin, soit 30 milliards de plus que l'an dernier.
L'Italie devrait faire la course en tête, même si le pays n'a pas encore publié son programme, avec plus de 250 milliards empruntés. La France arrive deuxième avec 185 milliards d'emprunts net, (j'ai fait le calcul cela fait 500 millions d'euros par jour). Puis l'Allemagne, 160 milliards, l'espagne, 120.
Les autres pays, dont la taille est moins importante sont généralement autour de 35 milliards d'euros.
2017, année à risque...
Le risque quand on emprunte, et qu'on emprunte beaucoup c'est de ne pas trouver de prêteur, ou que les prêteurs demandent des taux d'intérêt élevés, ce qui renchérit le cout de l'endettement, pas seulement pour l'année où on emprunte mais sur de longues périodes, 8 ans en moyenne mais 50 ans aussi comme on l'a vu au début.
Aujourd'hui, les taux d'intérêt sont toujours très bas, mais ils sont en train de remonter. Pour la France, Bercy cité par les Echos estime qu'à la fin de l'année, le taux pourrait être proche d'1.25% pour un emprunt à 10 ans, contre 0.77 actuellement.
Pourquoi les taux remontent? Comme souvent il y a des raisons économiques ET politiques.
Ce qui a beaucoup contribué à la baisse des taux dans la zone euro depuis 2 ans, c'est le programme d'achat de la Banque Centrale Européenne, le fameux (ou obscur) QE, Quantitative Easing. Chaque mois depuis deux ans la BCE achète pour 80 milliards d'euros de dettes publiques de la zone euro, Grèce mise à part... mais elle a prévu de lever le pied en mars et de passer à 60 milliards.
Il y ensuite la montée des taux directeurs américains, intervenue en décembre. Cela a un effet sur les dettes européennes.
Et puis, il y a ce que les marchés appellent le risque politique... c'est à dire le risque d'alternance. Les élections présidentielles françaises sont scrutées à la loupe par les investisseurs internationaux, qui s'inquiètent de voir le Front National si haut dans les sondages et n'excluent plus son arrivée un jour au pouvoir... Trump, Brexit, tout est désormais possible.
Certains fonds spéculatifs ont déjà annoncé qu'ils allaient parier contre la France, c'est à dire spéculer sur la hausse des taux d'intérêt pour notre pays. Voir ici un précédent billet : Menace sur la dette française en 2017.
L'Italie, est aussi un autre sujet d'inquiétude. Vous avez peut être raté cet épisode pendant les vacances, mais l'Etat italien va venir au secours de la banque Monte dei PASCHI, et comme les autres banques transalpines ne vont pas tellement mieux, le pays a prévu d'emprunter 20 milliards de plus que prévu au départ.
Voir ici, deux précédents billets sur ce sujet:
- Monte Dei Paschi, prochaine banque sauvée par le contribuable italien?
- Les défis économiques du nouveau chef du gouvernement italien
Il y a aussi le Portugal, qui risque à tout moment une baisse de sa note, or plus la note descend, plus les taux montent.
2017 année de la dette sera-t-elle aussi l'année d'une nouvelle crise des dettes européennes? La BCE veille au grain pour que cela n'arrive pas, mais une chose est sure, s'endetter va couter plus cher. L'ordre de grandeur se compte plus en milliards qu'en millions.
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