

Les aides au développement allouées par les pays riches ont augmenté de 9% en 2016, notamment du fait de l'assistance aux réfugiés. Sur les 11 candidats à la présidentielle, 4 s'engagent à augmenter la part française. En 2012, ils étaient 9 sur 10 à s’intéresser au sujet. Moitié moins en 2017.
Cela ne vous a pas échappé. L'aide que les pays riches comme la France apportent aux pays les plus pauvres est un sujet de débat constant entre les candidats. "Moi je donnerai 10 milliards" dit l'un, "moi 20" dit l'autre, "moi je lancerai un plan pour l'Afrique" affirme un troisième!
Ah, non, vous n'aviez pas remarqué! Vous êtes un observateur avisé. Effectivement, le sujet ne fait pas couler beaucoup d'encre. Pourtant, l'aide publique au développement, son déploiement, son montant pourrait être considéré comme un sujet régalien puisqu'il fixe le curseur de notre générosité en tant qu'Etat.
Or la France n'est pas très généreuse proportionnellement à sa richesse. Comme elle le fait chaque année, l'OCDE, l'Organisation pour la coopération et le développement économiques a publié hier les montants de l'aide publique au développement dans le monde.
En 2016, la France consacre quasiment 9 milliards d'euros à l'aide au développement. En valeur absolue, c'est la cinquième contribution mondiale, derrière les Etats-Unis, l'Allemagne, le Japon et le Royaume Uni, mais c'est encore très loin de l'objectif que s'étaient fixés les pays riches à l'ONU en 1970.
En 1970, ils avaient promis d'y consacrer 0.7% de leur PIB. En France, on est à 0.38%. La moyenne mondiale est à 0.32%. Seulement 6 pays, sur les 28 que couvrent les chiffres de l'OCDE, ont respecté leur promesse: la Norvège, le Luxembourg, la Suède, le Danemark,le Royaume Uni, et depuis cette année l'Allemagne. Preuve que l'on peut proner la rigueur sans être avare, et que l'austérité n'est pas une bonne excuse au manque de générosité.
Les pays riches plus généreux, mais...
Au niveau mondial, la générosité des pays riches a été plus forte en 2016, selon l'OCDE. Il y a une augmentation de quasi 9% de l'aide publique au développement en 2016. Mais, il y a des bémols.
- qui dit aide ne dit pas don. Les prêts sont aussi comptés dans l'aide.
- les prêts bilatéraux sont en baisse, notamment pour le groupe des pays les moins développés, dont la plupart sont des pays africains. L'aide ne va donc pas là où elle est la plus nécessaire.
- troisième bémol, depuis quelques années, les sommes consacrées à l'accueil des réfugiés sont en très forte augmentation: +27% entre 2015 et 2016. Au total, cette aide spécifique représente maintenant 10% de l'aide publique totale, contre 5% en 2014. Or ces sommes restent dans le pays d'accueil, et ne quittent donc pas le sol, notamment de l'Italie, de la Grèce ou de l'Allemagne, des pays où elle a beaucoup augmenté.
Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.
Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.
C'est en décembre que l'on aura le détail des chiffres de l'aide publique au développement. Pour donner un ordre d'idée, Friederike Röder, directrice France de l'ONG One, rappelle que sur les 9 milliards d'euros qui sont considérés comme de l'aide publique au développement française, les dons bilatéraux représentent 200 millions d'euros.
Les projets des candidats à la présidentielle
Les ONG notent qu'avant, ce sujet de l'aide publique au développement était assez consensuel. Maintenant, il y a un clivage entre ceux qui veulent conditionner l'aide à la lutte contre l'immigration illégale, et les autres.
Parmi les premiers, François Fillon, qui dit vouloir augmenter l'aide, mais la supprimer pour les pays qui refusent de reprendre leurs ressortissants en situation irrégulière en France.
Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.
Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.
Marine Le Pen est aussi dans ce camp. Atteindre 0.7% d'aide OUI dit elle au Monde qui consacre une série aux programmes des candidats sur l'Afrique, car "c'est une condition de notre sécurité nationale".
Globalement, les associations notent aussi un moindre intérêt pour ce sujet. L'ONG ONE a lancé une campagne de mobilisation nommée Cap ou pas Cap.
Les 11 candidats ont été interpellés. 4 ont répondu. En 2012, sur les 10 candidats 9 avaient répondu, il y a donc une démobilisation des équipes de campagne sur cette thématique. Les 4 qui ont répondu, Benoit Hamon, Jacques Cheminade, Jean Luc Mélenchon et Nicolas Dupont Aignan se sont engagés à faire passer l'aide française à 0.7% du PIB en fin de mandat.
Parmi les autres, que j'ai contacté, et qui m'ont répondu, Lutte Ouvrière considère que l'aide est certes insuffisante, mais qu'elle est surtout une hypocrisie pour cacher la domination exercée par la France via ses grands groupes: TOTAL BOLLORE etc... Philippe Poutou et François Asselineau se sont dit intéressés par ma requête, mais je n'ai pas eu l'occasion de recueillir leur position. Jean Lassale, pas de réponse. Quand à Emmanuel Macron, la réponse attend une validation pour être diffusable. Peut être une grande annonce à venir, qui sait?
"Avant ce sujet n'était pas clivant, note la directrice France de ONE, Friederike Röder. Des parlementaires de tous les bords se mobilisaient au moment du vote du budget pour augmenter les montants alloués au développement. Je ne pensais pas devoir un jour mener cette discussion sur la nécessité d'allouer l'aide au développement à l’extrême pauvreté, et qu'elle ne soit pas un moyen de chantage".
Marie Viennot
L'équipe
- Production
- Journaliste
- Journaliste
- Journaliste
- Journaliste
- Journaliste