Le gouvernement britannique de Theresa May va activer aujourd'hui l'article 50 du traité de Lisbonne, lançant ainsi officiellement le divorce avec l'Union Européenne. Quelle sera la facture pour l'économie britannique ? Le billet économique d'Annabelle Grelier.
La facture globale, ce que coûtera à terme le Brexit pour l'économie britannique, ça c'est la grande inconnue. La première facture que l'on connaît, c'est celle qu'a présenté Bruxelles à Londres pour solder ses comptes de sortie de l'Union : 55 à 60 milliards d'euros. Elle correspond aux engagements pris par la Grande Bretagne dans le budget européen sur la période 2014 - 2020. Un budget qui finance les fonds structurels et les fonds de cohésion. Jusqu'en 2020, le Royaume Uni s'est engagé à participer au programme de géolocalisation Galileo , au fonds Juncker, à la retraite des fonctionnaires , les aides aux agriculteurs ou encore les bourses Erasmus. Une facture d'autant plus douloureuse que Bruxelles en a fait un passage obligé avant d'entamer les négociations commerciales. Une facture qui évidemment fait sursauter le Royaume Uni alors qu'elle a promis de son côté à sa population qu'elle ne paierait plus pour l'Europe. Un premier chèque donc qu'il va être difficile d'encaisser et les britanniques de menacer de ne conclure aucun accord avec Bruxelles, ce qui est aussi téméraire que périlleux pour l'économie britannique, même si l' on peut imaginer que ce ne sont là que des postures.
Quels risques pour les services financiers et l'industrie automobile ?
La sortie du marché unique voit évidemment resurgir les barrières douanières. En cas de retour aux règles de base de l'Organisation mondiale du commerce qui s'appliqueraient à défaut d'accord, les exportations de voitures made in Britain seraient ainsi taxées à 10% aux frontières du continent. L' automobile représente 60 % des exportations britanniques , 800 000 emplois sont à risque alors que nombre de constructeurs étrangers avaient fait de la Grande Bretagne leur tête de pont en Europe et pourraient réviser leurs investissements que ce soit Nissan à Sunderland dans le nord-est de l'Angleterre, une réduction de voilure de Ford au Pays de Galles ou le rachat par PSA des usines Vauxhall.
Du côté du secteur aérien on s'inquiète également. Que vont devenir les droits d'atterrissage ou les licences d'exploitations une fois sortis des accords européens ?
Quant à la finance, là, c'est le gros, gros nœud du problème. Quel sort sera réservé à la City, première place financière européenne si elle perd son passeport européen , c'est le dispositif qui permet de vendre un produit financier dans l'ensemble de l'union européenne après l’approbation d'un seul des régulateurs nationaux, d’où l 'implantation massive des américains, suisses et japonnais à Londres. Sans parler du devenir des chambres de compensation qui traitent des transactions en euros qui s'étaient implantées à Londres, une activité qui drainent 200 000 emplois. On pourrait passer en revue tous les secteurs économiques la facture ne ferait que s'alourdir. Le chef de file des patrons britanniques a assez bien résumé la situation il dit " j'ai l'impression que nous sommes arrivés en haut de la montagne russes de l'article 50".
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Quelles futures relations commerciales ?
Londres va devoir redéfinir ses relations commerciales avec les 27 pays de l'Union. La pire hypothèse serait pour les britanniques d'appliquer simplement les règles de l'organisation mondiale du commerce , ses échanges seraient frappés de droits de douane compris entre 5 et 40 % selon les produits. La Grande-Bretagne pourrait aussi conclure un accord de libre échange en bonne et dûe forme ou intégrer l'espace économique européen crée en 1959, AELE comme la Norvège. Dernier détail et pas des moindres , le Royaume Uni ne pourra conclure de son côté aucun accord de libre échange avec d'autres pays tant qu'elle ne sera pas officiellement sortie de l'Union Européenne. Elle n'a donc aucun intérêt à faire traîner les choses d'où la tentation d'aller trop vite avec un Very hard Brexit !
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