Le 26 mars dernier, les dirigeants des 27 n'ont pas réussi à s'accorder sur un mécanisme de solidarité entre Etats membres. Aux ministres des finances maintenant de trouver des solutions. Pour certains, l'avenir de l'Europe est en jeu.
Les dirigeants des 27 incapables de s’accorder sur un mécanisme de solidarité entre Etats membres. C’est ce qu’a révélé le conseil européen du 26 mars dernier, censé trouver des solutions communes, face à la crise économique née de la crise sanitaire. La balle est maintenant dans le camp des ministres des finances de l’Union, sommés de définir une réponse coordonnée. Ils ont rendez-vous aujourd’hui à partir de 15 h, par visioconférence, lors d’une réunion de l’Eurogroupe.
Fourmis contre cigales
Ces derniers jours, on a retrouvé la traditionnelle opposition entre pays du Nord et pays du Sud, "fourmis" contre "cigales". L’Allemagne ou encore les Pays Bas, qui revendiquent le sérieux budgétaire, n’ont pas envie de payer pour des Etats qui ont laissé filé leurs déficits. L’Italie notamment, durement touchée par la pandémie, affiche une dette qui dépasse les 130 % de son PIB !
Pourtant, c’est sur cette capacité à s’épauler dans les moments difficiles que se joue l’avenir de l’Europe, selon certains observateurs et acteurs de la vie publique. L’ancien président de la Commission, Jacques Delors, est même sorti de son silence pour mettre en garde "contre le manque de solidarité qui fait, selon lui, courir un « danger mortel à l’Union européenne".
Quand on parle de solidarité, on parle de quoi précisément ?
L’idée avancée par certains pays, dont la France et l'Italie, c’est de mutualiser les dettes des Etats, afin de permettre aux pays en difficulté de bénéficier de meilleures conditions d’emprunt. C’est le principe des euro bounds, rebaptisés dans la période corona bounds. Une option déjà évoquée dans le passé, mais jamais mise en œuvre.
La présidente de la BCE Christine Lagarde y est favorable. La France, l’Italie et 7 autres pays européens ont plaidé pour cette solution. Mais ils se sont donc heurtés au véto de plusieurs Etats, Allemagne et Pays-Bas, en tête.
La France n’a pas renoncé au principe, mais défend depuis plusieurs jours une solution limitée dans le temps et réservée aux seules dépenses d’investissement, espérant ainsi vaincre les réticences des pays partisans de la rigueur.
Ce fonds temporaire de plusieurs centaines de milliards d'euros financerait les dépenses en matière de santé, aiderait les filières industrielles en grande difficulté, comme le transport et le tourisme, et permettrait de réaliser des investissements dans les nouvelles technologies. Une solution novatrice estime le ministre de l’économie Bruno le Maire, qui fait remarquer qu’il s’agit d’émettre de la dette "pour l’avenir et non pour le passé".
Vers un accord sur la mutualisation des dettes européennes ?
C’est bien sûr le souhait de la France et de l’Italie, que cette solution soit au moins mentionnée dans le paquet global défini à l’issue de la réunion, quitte à se donner deux à trois mois pour en définir les détails. Pour Bercy c’est le quatrième étage de la fusée et il est crucial qu’il existe à côté des trois autres qui semblent déjà actés :
-la garantie de 100 milliards d’euros pour les mesures de chômage partiel, un programme baptisé SURE et défendu par la présidente de la Commission européenne comme une initiative démontrant la capacité de solidarité européenne.
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-le soutien aux entreprises via la Banque Européenne d’Investissement,
- et les prêts dans le cadre du MES, le mécanisme européen de stabilité. Ce dernier fait figure d’épouvantail en Italie, car il est associé à une mise sous tutelle. Mais Berlin, qui défend ce dispositif, le préférant de très de loin aux corona bounds, assure que les contreparties seront limitées. "Il n’y aura aucune Troika , pour dire aux gouvernements quelle politique ils doivent mener", a ainsi précisé ministre allemand des finances Olaf Scholz, en référence aux plans de sauvetage de la Grèce.
Les grands argentiers de l’Union iront-ils plus loin que ces trois mesures ? Selon des sources européennes citées hier soir par l’Agence France Presse, les 27 restaient encore très divisés sur la proposition française. Ils pourraient toutefois évoquer l’idée, dans leurs conclusions, de façon plus ou moins vague, afin d’éviter un blocage.
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