Covid-19 : le secteur de la culture réclame de la visibilité à quelques heures des annonces de Macron

Le théâtre l'Européen à Paris ironise sur sa fermeture forcée pour cause de confinement  Copyright : AFP
Le théâtre l'Européen à Paris ironise sur sa fermeture forcée pour cause de confinement  Copyright : AFP ©AFP - Joel Saget
Le théâtre l'Européen à Paris ironise sur sa fermeture forcée pour cause de confinement Copyright : AFP ©AFP - Joel Saget
Le théâtre l'Européen à Paris ironise sur sa fermeture forcée pour cause de confinement Copyright : AFP ©AFP - Joel Saget
Publicité

Emmanuel Macron présente ce matin de "premières orientations" pour le secteur de la culture à l’issue d’une visioconférence avec des artistes de "différents champs de la création". Des mesures très attendues par des professionnels inquiets pour leur avenir.

Salles de spectacle, de théâtre, musées, cinémas, librairies ... La liste des lieux fermés depuis le confinement est longue. Et pour beaucoup l’horizon n’est toujours pas éclairci. Or ce que demandent avant tous les professionnels de la culture c’est de la visibilité : savoir quand et à quelles conditions ils pourront à nouveau accueillir du public. 

Des annonces du ministre de la culture ont semé le trouble. Les petits festivals pourront se tenir à partir du 11 mai avait dit Franck Riester à la mi-avril, plongeant les acteurs du secteur dans une certaine perplexité : qu’est ce qu’un petit festival, où placer la jauge ?  Depuis il y a eu quelques précisions  : une scène, un musicien et 50 personnes, à un mètre les unes des autres, avec un masque, et la possibilité de se laver les mains en rentrant sur le site : ça ce sera possible a indiqué le locataire de la rue de Valois, ce qui reste quand même très limité . 

Publicité

Les petits musées, qui ne drainent pas trop de monde, pourront eux aussi rouvrir dès lundi prochain. Quant aux cinémas, une réouverture pourrait être envisagée dans un premier temps dans les zones classées vertes, mais il faudra au moins quatre semaines entre la prise de décision et l’ouverture effective. Tout cela laisse encore dans le brouillard beaucoup d’acteurs. 

Les conditions sanitaires pour "déconfiner" le secteur de la culture 

Pour rouvrir, il faudra sans doute poser des conditions en terme de sécurité sanitaire. Un rapport réalisé par le Professeur Bricaire a suscité de nombreuses critiques. L’infectiologue a en effet planché sur les conditions nécessaires pour "déconfiner" le secteur de la culture, à la demande du groupe de protection sociale Audiens. 

Sa préconisation, par exemple pour une salle de théâtre ou d’opéra, au niveau 2, premier palier de réduction du déconfinement : laisser deux sièges entre les spectateurs, imposer le port du masque, supprimer les bars et buvettes, les vestiaires ou encore les entractes.  

"Autant ne pas ouvrir du tout" s'insurge Dominique Bluzet, directeur de théâtre à Aix en Provence et Marseille  et directeur du festival de Pâques, qui préfère miser sur un retour à la normale progressif à partir de janvier 2021. "Je ne me mêle pas de médecine, le professeur Bricaire n'aurait pas du s'occuper de spectacle vivant" ajoute t-il, pointant du doigt la perte considérable de recettes engendrée par ces mesures barrières, sans parler de son éventuelle responsabilité pénale (en cas de contamination avérée dans la salle de spectacle). Attention aussi, dit-il à la dénaturation du propos artistique, dans le cas par exemple d’un ballet ou d’un orchestre symphonique. Les instruments à vents doivent faire l’objet de protection particulière, toujours selon le rapport Bricaire, étant susceptible de projeter des gouttelettes et donc de transmettre le coronavirus.

Alors ce rapport ne s’impose pas à l’exécutif qui ne l’a pas commandé mais il a été remis à Emmanuel Macron. On verra si certaines de ses recommandations sont prises en compte.

"On ne peut être sous perfusion"

Mais au-delà, l’exécutif va devoir consolider le filet de sécurité apporté au secteur. 

La culture c’est une activité économique qui représente en France 2,2 % du PIB et un million et demi d’emplois. Le secteur a pu activer le chômage partiel pour un certain nombre de salariés, et au delà du 1er juin, il continuera à en bénéficier, sans subir une décote de prise en charge par l'Etat, contrairement à d'autres types d'activité.  

Reste en suspens le cas des 270 000 intermittents du spectacle (dont 100 000 indemnisés), qui, faute de pouvoir travailler, perdent des heures cruciales pour recharger leurs droits au chômage.

Franck Riester assure qu’ils seront soutenus "sur le temps long", sans s'avancer pour l’instant sur la demande des syndicats de bénéficier d’une année blanche, leur permettant de conserver le bénéfice de ce régime, quand bien même ils n’auraient pas travaillé 507 heures sur 12 mois.  

Mais pour que le secteur marche sur ses deux jambes, il lui faut un plan de relance pour ses entreprises.  "On ne peut être sous perfusion", met en garde une représentante de sociétés du spectacle. 

Les moyens financiers seront-ils au rendez-vous ? A l’Elysée, on parle en tous cas déjà de "réinventer la place de la culture dans notre pays". Alors que le ministre de l’économie Bruno le Maire a lui récemment prévenu des professionnels du secteur  : il n’y aura pas de retour à la normale avant 2-3 ans !

L'Invité(e) des Matins
38 min