Covid-19 : quand la recherche d'un vaccin devient aussi la quête d'un "bien commun"

 Le laboratoire chinois Sinovac Biotech est engagé dans la recherche d’un vaccin, 29 avril 2020 à Pékin.
 Le laboratoire chinois Sinovac Biotech est engagé dans la recherche d’un vaccin, 29 avril 2020 à Pékin.  ©AFP - Nicolas Asfouri
Le laboratoire chinois Sinovac Biotech est engagé dans la recherche d’un vaccin, 29 avril 2020 à Pékin. ©AFP - Nicolas Asfouri
Le laboratoire chinois Sinovac Biotech est engagé dans la recherche d’un vaccin, 29 avril 2020 à Pékin. ©AFP - Nicolas Asfouri
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Emmanuel Macron s'est entretenu hier avec les dirigeants de Sanofi, après la polémique déclenchée par le groupe, laissant entendre que les Etats-Unis seraient prioritaires dans l'accès aux vaccins. Ces vaccins, peuvent-ils "échapper aux lois du marché" ?

Après l'affaire Sanofi, l'Elysée avait fait savoir que la recherche d'un vaccin devait "échapper aux lois du marché". Voilà qui pose question : est-ce possible alors que les groupes dont on parle sont bien ancrés dans le jeu de la concurrence ? 

Mais voyons d’abord précisément de quoi on parle. Derrière cette injonction, il y a l’idée, énoncée par l'Elysée, mais aussi par la Commission européenne, de faire de ce ou ces vaccins des biens publics mondiaux, à des prix accessibles, et qui seraient distribués au même moment dans tous les pays. 

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C’est en cela qu’ils échapperaient aux lois du marché. Mais, il s'agit plus d'une pression mise sur les laboratoires que d'un réel pouvoir d'action. 

Les groupes en capacité de fabriquer ces vaccins, sont eux des géants mondiaux, soumis aux règles du marché. Ils doivent d'ailleurs, pour assumer cette recherche, engager de lourds investissements, beaucoup plus que pour des médicaments. 

Il y a donc des espaces pour co-financer la recherche et bénéficier en retour de contre-parties. Et c'est là que les Etats peuvent intervenir.   

Le modèle américain 

Ce modèle, c'est celui mis en place par les Etats-Unis, modèle mis en exergue par l’affaire Sanofi. On a, en effet, découvert à cette occasion cet organisme baptisé Barda (Biomedical Advanced Research and Development Authority), dépendant du ministère américain de la santé, qui finance actuellement des projets de vaccins contre la pandémie de Covid-19. Parmi eux, ceux développés par Sanofi avec son concurrent GSK, par Johnson et Johnson, ou encore par la jeune société américaine Moderna, qui hier, a fait état de résultats très préliminaires, mais encourageants pour son vaccin expérimental chez huit volontaires.

Barda donc et ses centaines de millions de dollars pour sécuriser les approvisionnements d'un vaccin encore à trouver.  Et par comparaison, on a vu que l’Europe ne disposait pas d'un outil similaire. 

C’est ce qu’avait d'ailleurs souligné le directeur général de Sanofi, Paul Hudson, dans une première déclaration à la presse, passée elle plutôt inaperçue le 24 avril dernier. “Il y a eu un manque de coordination  au niveau européen, ça commence à bouger, mais le degré de préparation à une pandémie est très très bas

Un Téléthon mondial pour la recherche 

Sans doute cette crise va jouer un rôle d’accélérateur.  Même si pour l’heure, les Européens ont plutôt été dans la gestion de crise. Un Téléthon géant a ainsi été lancé il y a quinze jours, sous l’égide de la Commission européenne. Cela a permis de lever 7,4 milliards d’euros auprès d’Etats -comme la France, l’Allemagne ou encore la Chine- de fondations, celle de Bill et Mélinda Gates, et de personnalités comme la chanteuse Madonna. Un panel hétéroclite, marqué par l’absence des Etats-Unis, de la Russie ou de l’Inde. 

Les sommes  dégagées sont, elles, encore bien loin des besoins. Il faudrait "c_inq fois ce montant pour développer et distribuer le vaccin_" a averti le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Alors évidemment c’est une première pierre, pour financer la recherche. Mais le chemin reste encore long pour constituer une stratégie européenne en matière de santé. 

Vers une “Europe de la santé”

C'est un sujet pour "demain" car aujourd’hui ce sont les Etats qui ont compétence en la matière.

Cette Europe de la santé, elle n’a jamais existé, elle doit devenir notre priorité” a reconnu lundi Emmanuel Macron, lors du lancement de l’initiative franco-allemande de 500 milliards d’euros. 

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La France, l'Allemagne, l’Italie et le Royaume Uni sont en première ligne car ces pays concentrent l’essentiel des usines pharmaceutiques en Europe. Ils sont d’ailleurs en train de poser ensemble les bases de ce futur système, même si les anglais ont un pied en dehors, avec le Brexit. Cette coopération serait d'abord limitée à ces Etats, avant de s’élargir. Et elle pourrait s'appuyer sur le modèle de Barda aux Etats-Unis. 

Un vaste chantier, qui comme pour la recherche d’un vaccin, prend des airs de course contre la montre.