

Le président de la banque centrale européenne Mario Draghi était auditionné par les parlementaires européens de la commission des affaires économiques et monétaires. L'occasion pour lui de confirmer la politique expansionniste de la BCE, notamment le QE, le quantitative easing.
C'est un rendez vous formel. Tous les trois mois, le patron de la BCE est auditionné par les parlementaires membres de la commission des affaires économiques et monétaires du parlement européen.
Ici, la déclaration préliminaire de Mario Draghi devant cette commission le 29 mai, et ici, un article de Bloomberg dans lequel vous trouverez un extrait vidéo de cette audition (en anglais).
Une fois par an, c'est le parlement dans son ensemble qui peut lui poser des questions. Lui poser des questions, et écouter les réponses, c'est à peu près tout, le parlement européen n'a pas de pouvoir vis à vis de la banque centrale européenne qui est indépendante du pouvoir politique, mais cet exercice permet à la BCE de revendiquer un dialogue permanent avec les représentants élus. D'ailleurs Mario Draghi s'y prête très volontiers, et va même parfois, quand il est invité, devant les parlements des pays de la zone euro. Ce fut le cas en Allemagne cet automne, plus récemment aux Pays bas. En France cela remonte à 2013.
La crise financière est derrière nous
L'occasion pour Mario Draghi d'affirmer que la crise financière dans la zone euro est derrière nous. Plus précisément, la crise dont il parle, c'est la crise des dettes souveraines. Elle a commencé en 2010, quand les marchés financiers ont cessé de prêter à la Grèce, puis à l'Irlande, au Portugal, à l'Italie, pour qui les taux sont montés jusqu'à 8% pour des bons de dette à 10 ans!
La zone euro était alors réellement au bord de l'explosion, et la banque centrale européenne a tordu le coup au sacro-saint principe de non financement des dettes d’État, en volant à leurs secours et en rachetant indirectement leurs dettes.
Pendant deux ans la spéculation est allée bon train, et elle ne s'est arrêté que quand Mario Draghi a prononcé devant des financiers à Londres, son célèbre: "Whatever it takes", une phrase qui réellement restera dans l'histoire financière pour avoir sauvé la zone eur et dont les Echos célèbre même l'anniversaire, dans cet article.
Cette phrase a même donné lieu à des détournements et des montages, comme l'illustre la vidéo ci-dessous.
Voici son intervention en longueur
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A ECOUTER et A LIRE: un précédent billet économique qui explique comment ce "Whatever it takes" a ensuite été appelé le Draghi put, et ses limites: Le Draghi Put ne rassure plus les marchés financiers
Ce "whatever it takes", c'était l'idée que la BCE ferait tout pour sauver la zone euro. Et ce "Tout" a suffi à calmer les ardeurs des spéculateurs. Viendront ensuite tout un tas de programmes dont je vous épargne les acronymes, mais qui consistent en gros pour la BCE à maintenir l'économie européenne sous perfusion, la perfusion étant de l'argent, des liquidités, qui sont dépensées à hauteur de 60-80 milliards d'euros par mois depuis deux ans.
5 ans plus tard, donc, Mario Draghi dresse son propre bilan, et il tient un double discours. D'une part, donc la crise est derrière nous, la croissance est revenue dans la zone euro, le chômage y est au plus bas, et le sentiment des acteurs économique au plus haut... mais de l'autre, il faut quand même poursuivre la perfusion. Une perfusion qui s'élève à ce jour à 2600 milliards d'euros.
“Overall we remain firmly convinced that an extraordinary amount of monetary support is still necessary,” "Dans l'ensemble nous sommes toujours convaincus que le soutien monétaire exceptionnel est toujours nécessaire, a dit Mario Draghi".
2.6 trillions d'euros
C'est quasiment autant que le PIB de la France, et ce n'est donc pas encore assez affirme Mario Draghi, qui marche sur des oeufs quand il aborde ces questions. Pas assez pour qui? Pour quels pays? C'est là qu'il faut parler le banquier central pour capter les idées derrière les mots. Mario Draghi ne peut pas nommer des pays, pour ne pas encore aggraver leur cas, mais si la perfusion est toujours nécessaire, c'est pour l'Italie et l'Espagne, où les crédits bancaires continuent de chuter malgré les programmes de la BCE, preuve que la confiance n'est pas revenue.
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A l'opposé, l'Allemagne est en plein boom et fait pression régulièrement pour que la politique monétaire se fasse plutôt à son avantage. Mario Draghi a déjà dit plusieurs fois qu'il ne menait pas une politique monétaire pour un pays, mais pour la zone euro dans son ensemble. Toujours cette même difficulté pour la zone euro, mener UNE même politique monétaire pour des économies qui divergent.
Toujours ce paradoxe, inonder l'économie de liquidités, et ne pas voir remonter l'inflation.
Mario Draghi l'a expliqué par le très bas niveau des prix de l'énergie, ce qui est un fait, mais un parlementaire européen, Philippe Lamberts lui a suggéré une autre piste: la stagnation des salaires et les emplois de mmmmmm, "shitty jobs" en bon anglais créés dans la zone euro. Ce à quoi Mario Draghi a opiné:
"ce que vous dites est vrai, beaucoup de ces nouveaux emploi ne sont pas de bonne qualité".
Le banquier central peut aussi être critique sur la situation positive qu'il vient d'évoquer, mais dans la langue qui lui est propre et il faut le pousser un peu.
Marie Viennot
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