Economie + Macron = les Macronomics

La nouvelle de la victoire d'Emmanuel Macron depuis la salle des marchés de Tokyo
La nouvelle de la victoire d'Emmanuel Macron depuis la salle des marchés de Tokyo ©AFP - TOSHIFUMI KITAMURA
La nouvelle de la victoire d'Emmanuel Macron depuis la salle des marchés de Tokyo ©AFP - TOSHIFUMI KITAMURA
La nouvelle de la victoire d'Emmanuel Macron depuis la salle des marchés de Tokyo ©AFP - TOSHIFUMI KITAMURA
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Après les Abenomics, les Trumponomics et les Putinomics, les Macronomics vont bientôt faire leur apparition dans le paysage médiatique pour désigner la politique économique menée par Emmanuel Macron, le nouveau Président de la République française. De quoi s'agit-il? Quelles seront ses priorités?

Rien à voir avec un nouveau personnage d'Astérix. Macronomics, ICS à la fin, c'est le collage de Macron et economics. Le terme a déjà été utilisé quand il était ministre de l'économie. C'est une formule pratique et tendance, pour désigner la philosophie et l'action économique d'un homme, plus rarement d'une femme les Merkelonomics n'existent pas, quand il prend la tête d'un pays.

Les ABENOMICS, désignent la politique économique du premier ministre japonais Shinzo Abe, il y a aussi les TRUMPONOMICS, les TRUDEAUNOMICS, les PUTINOMICS.

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Cependant, Emmanuel Macron a de la concurrence. Son patronyme étant proche de Macro, comme Macro économie, il existe déjà une société de conseil américaine qui s'appelle MACRONOMICS. La devise de cette entreprise est

"Forward Thinking for competitive advantage","ANTICIPER pour faire la course en tête".

Une formule, que le nouveau jeune président ne renierait sans doute pas.

Que sont les Macronomics?

C'est un savant dosage entre politique de l'offre, politique de relance par l'investissement, rationalisation de la dépense publique et réorganisation de la politique sociale.

Dans la politique de l'offre, il y a la poursuite des allègements de cotisations sociales, CICE et autres qu'il veut pérenniser et simplifier. Il y a aussi, le retour prévue de certaines dispositions qui avaient été sorti de la loi Travail comme le plafonnement des indemnités prud’homales et la réelle primauté donnée aux accords d'entreprises.

Dans le volet investissement, 50 milliards d'euros sont prévus sur le quinquennat, notamment pour la formation, la transition énergétique, le numérique et l'agriculture.

Côté ménages, la suppression de la taxe d'habitation est clairement une mesure pour le pouvoir d'achat.

Emmanuel Macron qui promet aux Français de les protéger, devra le faire avec un Etat plus resserré. Il a promis 120 000 fonctionnaires en moins sur le quinquennat. C'est ambitieux, et ce serait inédit. Si on revient à la présidence de Nicolas Sarkozy, 150 000 postes de fonctionnaires d'Etat ont bien disparu de 2007 à 2012, mais 150 000 ont été créés dans les fonctions publiques territoriales ou hospitalières, notamment du fait des transferts de compétences, c'est donc tout sauf simple.

Dernier volet des Macronomics, la réorganisation profonde de la politique sociale. La mise en place d'une retraite à point, qui pourrait donner le coup de grâce aux régimes spéciaux. Et la gestion de l'assurance chômage, non plus par les partenaires sociaux, mais par l'Etat, son extension aux indépendants, entrepreneurs, agriculteurs, artisans et démissionnaires. On passe d'une logique d'assurance à une logique de solidarité, c'est une vraie nouveauté.

Voir ici un précédent billet: Présidentielle: quel rôle pour les partenaires sociaux

Quelles priorités avant l'été?

Il va lancer d'abord un audit des finances publiques, pour disposer à la mi-juin des résultats de la gestion en cours. C'est une nécessité s'il veut pouvoir évaluer l'efficacité de sa politique dans cinq ans, car pour le moment, comme je l'évoque dans ce billet sur le bilan de François Hollande sur les finances publiques, il est très difficile de connaitre l'évolution des dépenses publiques: Déficit 0: une promesse non tenue.

Sa deuxième priorité est la simplification du code du travail. Il va donc devoir déposer très vite à l'assemblée, avant l'été, un projet de loi d'habilitation demandant au parlement le droit de procéder par ordonnances.

Pas de vacances prévues, mais une tournée des capitales européennes pour présenter sa feuille de route sur 5 ans pour changer la gouvernance de la zone euro.

J'ajoute enfin, qu'après les discours d'hier, où Emmanuel Macron a prononcé plusieurs fois le mot "bienveillance", qu'il pourrait y avoir dans les Macronomics une dose de Buddhist économics. J'ai déjà évoqué cette approche qui n'envisage pas l'économie comme la compétition de tous contre tous, mais comme l'entraide de chacun avec tous. C'est un pari que je pose là. Qui sait... qui sait qui sait...

Marie Viennot