Face à la mondialisation, plus de coordination

François de Soyres est dans sa quatrième année de thèse. Ses recherches portent sur la macroéconomie en lien avec le commerce international et sur les phénomènes d'interdépendance entre les pays. Sous la direction de Thomas Chaney, à la Toulouse Schools of Economics, sa recherche utilise les méthodes de l'économie quantitative, et s'appuie sur les données de commerce internationale publiées par l'OCDE, et les statistiques des comptes nationaux.

Voici un article en anglais : Trade and Interdependence in International Networks.

L'idée, c'est de voir s'il y a une corrélation entre les échanges de biens entre deux Etats et l'évolution de leur PIB respectif. Son étude croise donc ces éléments pour 20 pays, ce qui fait au total 190 paires. Ces pays sont : Australie, Autriche, Canada, Danemark, Finlande, France, Allemagne, Irlande, Italie, Japon, Mexique, Pays-Bas, Norvège, Portugal, Espagne, Suède, Suisse, Turquie, Royaume-Uni et Etats-Unis.

Explication du graphique ci-dessous: chaque point du graphique représente le niveau corrélation calculée pour les 40 trimestres (10 ans) précédent la date indiquée sur l'axe horizontal. La ligne rouge indique le troisième trimestre de 2007, soit le début de la crise économique et financière issue des Etats-Unis. La synchronisation au niveau de la ligne rouge correspond donc a la période de 1997 a 2007, soit une période qui n'est pas affectée par la crise.

Pourquoi cette recherche?

"Depuis que je suis tout petit, dit-il, j'entends parler de mondialisation. J'avais envie de savoir s'il y avait un lien entre le fait d'échanger des biens, et les résultats économiques"

Il montre ainsi que l'augmentation drastique du commerce en biens intermédiaires (c'est à dire le fait que les chaînes de production soient réparties sur plusieurs pays : pour construire une voiture il faut des pièces venant de nombreux pays différents) conduit à une très grande synchronisation des cycles économiques.

Conclusion, dit-il, "nous vivons dans un monde où les pays sont de plus en plus interdépendants et en conséquence nous devons apprendre à coordonner nos politiques économiques. C'est important qu'il y ait de la compétition entre les entreprises, en revanche, au niveau des pays, c'est vraiment important de se coordonner au niveau des politiques publiques".

NOTA BENE IMPORTANT

Toutes les thèses mises en avant dans cette série utilisent les méthodes de l'économie quantitative pour mener leurs recherches. C'est en ce moment le courant dominant, mais je suis consciente qu'il manque à mon panel l'approche hétérodoxe que poussent les professeurs d'économie réunis au sein de l' AFEP, l'Association Française d'Economie Politique.

Le pluralisme de la recherche en économie est un vrai sujet, une réelle préoccupation. L'AFEP y consacre d'ailleurs une journée d'études le 30 mai.

Sans doute l'occasion pour le billet économique d'aborder cette question centrale...