Le Covid-19 met les marchés de matières premières agricoles sous tension et renvoie au spectre d'une crise alimentaire comme après 2008

En Inde, à Amritsar, file d'attente devant les magasins pour acheter du blé pendant le confinement, le 28 mars 2020.
En Inde, à Amritsar, file d'attente devant les magasins pour acheter du blé pendant le confinement, le 28 mars 2020. ©AFP - Narinder Nanu
En Inde, à Amritsar, file d'attente devant les magasins pour acheter du blé pendant le confinement, le 28 mars 2020. ©AFP - Narinder Nanu
En Inde, à Amritsar, file d'attente devant les magasins pour acheter du blé pendant le confinement, le 28 mars 2020. ©AFP - Narinder Nanu
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La pandémie qui perturbe les chaînes d'approvisionnement bouscule les marchés internationaux des céréales. Malgré une production record, les cours du blé et du riz grimpent au point d'inquiéter la FAO qui alerte sur le risque d'une crise alimentaire dans les pays les plus fragiles.

Le "grand confinement" de la moitié de population de la planète a provoqué une baisse de la demande mondiale sur le sucre, le colza ou encore le maïs dont les cours ont connu des chutes spectaculaires ces dernières semaines. Une baisse qui se poursuit à cause de la chute des cours du pétrole.  Ces matières premières agricoles en sont tributaires parce ce qu’elles sont employées comme alternative. La filière sucre est ainsi liée à la situation de l’éthanol. Le Brésil, grand producteur de canne à sucre, a ainsi redirigé toute sa production vers le sucre alimentaire et a donc fait plonger les cours. Pareil pour le maïs, les États-Unis, premier producteur mondial transforme a peu près un tiers de sa production en éthanol, en la réorientant vers l’alimentation animale, le surplus a entraîné non seulement la baisse du cours du maïs mais a fait également chuter par ricochet les cours de la viande. Même constat pour le colza ou l’orge brassicole, là, les cours sont historiquement bas, mais c’est directement liée à la baisse de la demande, en fermant les bars, les restaurants et en annulant tous les événements sportifs forcement la demande est en berne.

Le blé et le riz pris d'assaut par les gros pays importateurs

Phénomène inverse pour le blé et le riz. La période reste particulièrement tendue pour ces deux denrées de base, les cours eux sont sensiblement à la hausse au point d’inquiéter l’Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) qui met en garde sur le risque d’une crise alimentaire dans certains pays et notamment l'Afrique de l'est déjà au prise avec les sauterelles qui ravagent les récoltes du Soudan, de l’Éthiopie et de la Somalie. Pourtant la production de blé a atteint des records cette année mais ce sont les incertitudes autour des chaînes d’approvisionnement et la crainte des restrictions d’exportations qui ont fait grimper les cours. Les pays ont fait un peu comme les ménages dans les supermarchés , par crainte de manquer ils ont  paniqué et les gros pays importateurs comme l’Algérie, le Maroc, l’Egypte et l’Arabie Saoudite qui représentent à eux seuls plus d’un tiers des importations de blé ont boosté la demande et donc fait grimper les cours. Rappelons quand même qu’en 2008, la crise financière avait fait basculer une partie du monde dans une crise alimentaire qui a conduit dans les pays qui n’avaient fait de stocks aux émeutes de la faim. Raison pour laquelle les grandes institutions tel que la FAO surveillent toujours de très près les cours du blé et du riz. Le riz qui est l’alimentation de base de nombreux pays comme l’Inde par exemple avec son milliards 300 millions d’habitants où le confinement sera prolongé au moins jusqu’au 3 mai. L’Inde qui est surtout le premier exportateur de riz  n’a pas de problèmes de réserves mais les chaînes d’approvisionnement là encore sont perturbées, ce qui a donc fait grimper les cours mettant l’Afrique à risque parce que la plupart des pays n’ont pas d’avance au delà d'un mois,  elle ne détient pas comme la Chine 60 % des stocks, elle doit s’approvisionner sur les marchés régulièrement.    

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Et la France ?

Pas de risque de pénuries mais avec la baisse de la demande dû au confinement, aux fermetures des restaurants, des cantines, des marchés certaines filières souffrent. L'Europe croule sous le lait et les cours chutent depuis le début de la crise. Le ministre de l'Agriculture français Didier Guillaume a demandé hier au commissaire européen une mise en place "urgente" de mécanismes de soutien prévus par la politique agricole commune.

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L’Europe a des instruments pour faire face aux crises, comme le déclenchement rapide du stockage privé d'excédents laitiers qui a été instauré.  Le ministre demande à ce qu'il soit élargie dans les secteurs de la viande, le veau notamment. Didier Guillaume rappelle également la situation très grave que traverse la filière viticole pour laquelle les effets de la crise viennent s'ajouter à ceux induits par la mise en place des droits à l'importation aux États-Unis. Des aides ont également été demandé pour le secteur des fruits et légumes qui souffre de la fermeture des marchés.  
 

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