En 50 ans le manteau neigeux a diminué de moitié. Menacées par le réchauffement climatique à venir, les stations de moyenne altitude se diversifient et doivent choisir d'investir (ou pas) dans de lourds investissements dont le retour sur investissement devient plus hasardeux.
Il y a environ 250 stations de ski en France. Un chiffre stable avec les années… mais combien seront encore là dans 30 ans ?
Sur les 60 dernières années, le réchauffement des températures va de 1 à 2 degrés selon les Massifs. Il ne neige pas moins, mais la neige tient moins bien, et le manteau neigeux ne cesse de diminuer. Dans les années 60, il était de 60 cm à 1500 mêtres d’altitude, aujourd’hui 30 centimètres. La durée d’enneigement est également en forte baisse 100 jours d’enneigement moyen, toujours à 1500 mètres, contre 140 jours il y a 50 ans. Voir ci dessous un reportage très pédago de C'est pas sorcier.
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Le réchauffement climatique est un défi observé et analysé dans de multiples rapports. L’agence nationale de la recherche y consacre un projet nommé SCAMPEI (Scénari Climatiques Adaptées aux zones de Montagnes, Phénomènes extrèmes Enneigement et Incertitudes) qui envisage divers scénari à l’horizon 2050.
Scénario pessimiste, la durée d’enneigement diminuera encore de 80% d’ici 2050. Scénario optimiste 50%.
Un phénomène mondial bien entendu, une étude canadienne citée par la Tribune de Genève montre que sur les 19 villes qui ont accueilli les jeux olympiques d’hiver seulement 10 à 11 pourraient encore les organiser en 2050. Ce serait le cas d’Albertville, mais pas de Chamonix, Sarajevo, ou Vancouver.
Pour le moment la fréquentation des stations n’est pas impactée. La France est toujours Numéro 1 mondial des sports d’hiver avec 53 millions de journée skieurs enregistrées la saison dernière, mais d’une station à l’autre la situation varie. Dans le Haut Béarn, le nombre de journées skieurs a baissé de 18% depuis 2003.
Le manque d’enneigement chronique n’est pas seul en cause, il y a aussi la crise. Le ski est une activité chère pratiquée par seulement 12 % de Français. Activité chère mais cruciale pour les régions montagnardes, elle fournit 100 à 150 000 emplois chaque saison, sans compter les emplois induits dans la fabrication, l’installation et la maintenance des équipements.
La solution court terme : plus de canons à neige
A ce défi climat, les stations de montagne répondent à court terme par la multiplication des canons à neige. Actuellement 30% des pistes en France sont couvertes par ce qu’on appelle la neige de culture, contre 60% en Autriche, il y a donc de la marge. Mais cet investissement coûte cher.
Le maire de LARUNS ARTOUSTE, une station des Pyrénées prévoit un investissement de 5 millions d’euros à l’horizon 2018 pour équiper sa piste principale.
Parallèlement cette station table, comme beaucoup d'autres, sur la diversification, et les activités d’été. Trail, VTT, petit train touristique : les emplois saisonniers y sont déjà plus nombreux l’été que l’hiver, mais là encore, cette diversification requiert des investissements lourds en capital.
« De nombreuses stations ont face à elle un mur d’investissement, m'expliqué Laurent REYNAUD, Délégué Général de Domaines Skiables de France, or certaines sont déjà structurellement déficitaires ».
Le problème ne serait donc pas en 2050 et lié au climat, mais dans les 10 ans et lié à des contraintes économiques et budgétaires. Investir ou ne pas investir dans les lourds équipement que nécessitent le ski industriel, c'est la question.
A l’heure actuelle, la moitié des stations de ski sont opérées par le public, directement par les mairies ou les inter-communes (les autres sont en délégation de service public). Jusqu’à maintenant les mairies portent les investissements et absorbent les déficits quand il y en a, car le ski leur apporte une activité économique et anime leur territoire l'hiver. Mais leurs finances publiques sont de plus en plus tendues.
En Suisse, la confédération a déjà averti que les stations de basse et moyenne altitude devraient cesser leur investissement dans le ski industriel sauf à pouvoir amortir pendant des années des piles de capital mort.
Marie Viennot
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