Pas de crise grecque cet été?

10 000 personnes ont manifesté le 1er mai 2017 à Athènes
10 000 personnes ont manifesté le 1er mai 2017 à Athènes ©Radio France - Kostas Pikoulas
10 000 personnes ont manifesté le 1er mai 2017 à Athènes ©Radio France - Kostas Pikoulas
10 000 personnes ont manifesté le 1er mai 2017 à Athènes ©Radio France - Kostas Pikoulas
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La Grèce et ses créanciers internationaux sont parvenus à un accord a annoncé le ministre grec des Finances, Euclide Tsakalotos, ce qui ouvre la voie à un nouveau versement. La question de la participation du FMI et de la capacité de la Grèce à rembourser sa dette restent entières.

Un accord aurait été trouvé entre la Grèce et ses créanciers dans la nuit du 1er au 2 mai. C'est le ministre des finances grecs Euclide Tsakalotos qui l'affirme ce matin, mais il n'y a pas encore de communiqué officiel des européens, ni du FMI.

Il n'y a pas de raison de douter que le ministre grec dise faux. Ce qui manque ce sont les détails de cet accord, or on sait que dans ce dossier, comme dans tant d'autres, les détails sont cruciaux. Pour le moment on a seulement une déclaration faite à des journalistes en Grèce, où des négociations sont en cours depuis une semaine.

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Vous allez me dire, ces négociations ne cessent jamais... et c'est en parti vrai, mais quand elles ont lieu à Athènes, c'est que la Grèce a donné des gages sur les réformes demandées et que l'on s'approche d'une solution, toujours temporaire cependant.

Or les représentants des créanciers sont dans la capitale hellénique depuis samedi dernier. On ne les appelle plus la Troika, le premier ministre Alexis Tsipras a réussi à faire tomber ce vocabulaire en désuétude, c'est peut être d'ailleurs sa seule réelle victoire dans ce dossier.

Mais les forces en présence restent les mêmes: d'un côté les équipes du FMI, de l'Union Européenne et la BCE, en face le gouvernement Grec. L'enjeu ne change pas non plus: des réformes contre de l'argent.

14ème baisse des retraites entérinée

La Grèce aurait donc accepté les dernières réformes qui étaient exigées d'elle. Les dernières des dernières sans doute pas, mais en tout cas, les dernières en date.

Les sujets de tension maximum sont toujours les mêmes: réformes des retraites, et hausse d’impôt. Avec une nuance cette fois, c'est que le FMI, notamment exigeaient une baisse des retraites en 2019.

Au début le ministre des finances grec avaient dit qu'il n'en était pas question, car ce serait légiférer pour le gouvernement suivant, des élections ayant lieu entre temps. Finalement Euclide Tsakalotos est ensuite revenu sur ce refus, et c'est d'ailleurs pour cela que la troïka a accepté de revenir discuter à Athènes la semaine dernière.

Voir ici un billet qui relate plus en détail cet épisode: Une nouvelle crise grecque se profile

Ce matin, Euclide Tsakalotos lance aux journalistes:

Il y a eu de la fumée blanche. Les négociations sur un accord technique ont été conclues sur toutes les questions.

Les questions, c'était donc cette réforme des retraites, qui entérine une 14ème baisse depuis que la Grèce est sous assistance financière. Mais aussi une réforme du marché du travail, de l'énergie et des hausses d’impôt.

.. et en échange?

En échange, la Grèce a obtenu une nouvelle tranche de prêt. Vous connaissez la mécanique à l’œuvre, j'en parle régulièrement dans ce billet. Un prêt de 86 milliards d'euros a été accordé à la Grèce l'été 2015, mais ensuite l'argent est versé par petit paquet, en fonction des avancées de la Grèce sur les réformes proposées.

Voir ici une longue explication sur la genèse de la crise grecque: Tout comprendre sur la dette grecque en six étapes.

Là, il y avait un peu urgence, car en juillet, la Grèce doit rembourser 7 milliards d'euros, notamment à la BCE, et elle n'a pas les fonds propres pour le faire. Sans nouveau prêt, le spectre du GREXIT aurait refait surface.

Cette perspective semble maintenant s'éloigner, mais il reste deux inconnues après l'accord de cette nuit.

  1. Le FMI va-t-il OUI ou NON être partie prenante du troisième plan de sauvetage de la Grèce, qui pour le moment n'est abondé que par les pays de la zone euro?
  2. Les discussions sur un allègement réel et sérieux de la dette grecque vont-elle réelement commencer, comme l'espère le ministre des finances de la Grèce, et comme le veut le FMI.

Vous voyez les sujets de fond restent toujours les mêmes, irrésolus, mais on a sans doute évité une nouvelle crise grecque cet été. Les élections allemandes pourront parler se focaliser sur d'autres sujets.

Voir ici un billet qui évoque la ligne très dure du ministre des finances allemands sur la Grèce: Grèce: qui veut un Grexit?

Marie Viennot

L'équipe