Pas de crise grecque cet été (soi-disant)

Manifestation le 29 juin contre les réformes des retraites et de la santé
Manifestation le 29 juin contre les réformes des retraites et de la santé ©Reuters - Michalis Karagiannis
Manifestation le 29 juin contre les réformes des retraites et de la santé ©Reuters - Michalis Karagiannis
Manifestation le 29 juin contre les réformes des retraites et de la santé ©Reuters - Michalis Karagiannis
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Il y a un an, les projecteurs étaient sur la Grèce. Allait-elle quitter la zone euro ? Le Grexit était dans tous les médias. Aujourd'hui la Grèce a retrouvé la confiance de ses prêteurs, elle va passer l'été sans risquer le défaut. La crise n'est pas finie pour autant, elle s'enracine.

Pour le dernier billet économique de la saison (rendez vous à 7h12 l'an prochain!), partons en vacances en Grèce. Avec les troubles géopolitiques, et en dépit la Grèce s'impose comme la destination sûre en méditerranée.

Chaque année, le nombre de touristes enregistre des records: +23% entre 2014 et 2015, et on s'attend en 2016 à 12% de voyageurs en plus. Soit au total, 23 millions d'étrangers, deux fois plus que le nombre d'habitants.

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Avec la marine marchande, le tourisme est l'activité principale de la Grèce, 20% des Grecs travaillent pour ce secteur, et c'est ce qui sauve en partie le pays.

Cet année, il y a un bémol..... devinez... le Brexit.

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Après les Allemands, ce sont les Britanniques qui vont le plus en Grèce. Ils représentent 10% des touristes, et 14% des recettes. Autrement dit, ils dépensent plus que la moyenne. Or cette année, avec la dévaluation de la livre qui a suivi le Brexit, le pourvoir d'achat de ces touristes britanniques sera plus faible et il y a un risque évident qu'ils dépensent moins.

Ce qui n'arrangera pas les affaires de la Grèce, car même si on ne parle plus de Grexit, et de crise grecque dans tous les journaux, la crise elle continue.

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Les créanciers ont fait un chèque de 7,5 milliards d'euros

Il n'y aura pas de crise financière cet été. Il y a 10 jours, le 22 juin, les Européens ont versé 7 milliards et demi d'euros à la Grèce (c'est une partie de la deuxième tranche du plan de 86 milliards d'euros accordé l'an dernier).

Grâce à ces 7 milliards et demi, l'Etat va pouvoir payer ses arriérés auprès de ses fournisseurs (un problème récurrent qui met d'ailleurs le tissu économique grec à la peine), mais l'essentiel, presque 6 milliards vont servir à honorer les échéances de dette.

Oui vous avez compris, ce qui est prêté à la Grèce par le Mécanisme Européen de Stabilité lui sert essentiellement à rembourser ses créances auprès de la BCE, l'Union européenne et du FMI, autrement dit, l'argent sort d'une poche, passe par la Grèce et revient quasiment dans la même poche.

Pour en savoir plus sur le MES, et l'origine de la crise grecque, je vous renvoie à un long papier écrit il y a un a mais toujours valable sur les mécanismes:   Tout comprendre sur la dette Grecque.

Aucune panique n'est attendue sur les marchés financiers (qui ont d'autres chats à fouetter avec le Brexit), il n'y aura pas de crise épidermique. Pour autant, la crise grecque a beau avoir disparu des radars médiatique, elle n'a pas disparu. Elle s'est même aggravé depuis un an.

  • Le chômage est reparti à la hausse, il concerne toujours un quart de la population.
  • Les jeunes continuent de quitter le pays.
  • La production industrielle a chuté de 15% depuis 2015,
  • Les crédits bancaires au secteur privé chutent aussi.
  • Le contrôle des capitaux instauré au plus fort de la crise continue, les Grecs ont des retraits limités.

Bref, l'économie ne repart pas.

Selon une étude de l'université de Macédoine que m'a rapporté Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, un quart des 18-29 ans vit dans un état d’extrême pauvreté, 17% des enfants, 15% de la population générale soit un million 600 000 personnes. Un chiffre en légère baisse par rapport à 2013, du fait des programmes sociaux qu'a rétabli Syriza.

C'est d'ailleurs l'argument phare d'Alexis Tsipras pour rester premier ministre: "Avec moins c'est moins pire", même s'il ne le dit pas exactement comme cela.

Puisque c'est la dernière de la saison, je vais finir ce billet par une bonne nouvelle. Bientôt les banques grecques vont pouvoir se financer auprès de la BCE. Depuis février 2015, c'est à dire depuis l'arrivée de Syriza au pouvoir les robinets monétaires étaient fermés aux banques grecques, elles ne pouvaient accéder qu'à des financements d'urgence de court terme et plus chers.

La Grèce sort donc peu à peu de son régime de non-faveur dans la zone euro, c'est ça la bonne nouvelle, cela prendra un certain temps avant que cela ne se transmette à l'économie réelle. A plus court terme, c'est sûr, cet été, il fera beau.

A la rentrée prochaine, 7h12 sur l'antenne!

L'équipe