

Emmanuel Macron qui dit comprendre dernièrement les doutes sur le CETA, l'accord de libre échange UE-CANADA. Marine Le Pen qui amende son projet de sortie de la zone euro. Les candidats seront-ils plus clairs sur ces évolutions récentes lors du débat de ce soir ?
Espérons des éclaircissements lors du débat de ce soir. Marine Le Pen sur sa vision de la zone euro et les relations avec nos partenaires européens, et sur le libre échange, et l'accord entre l'Union Européenne et le Canada pour Emmanuel Macron. Tous les deux ont changé de discours tout récemment à ce propos.
On commence par la zone euro. Après avoir bâti son programme économique sur le retour au Franc, la candidate du Front national n'évoque plus ce sujet dans sa profession de foi.
"Nous avons toujours été pour une Europe des coopérations, mais nous sommes contre l’Europe fédérale" m'a expliqué Jean Messiha, le coordinateur du programme du FN lors d'un entretien téléphonique le 2 mai 2017.
Attendez vous à entendre ce vocable ce soir. Après avoir qualifié la zone euro de "cadavre qui bouge encore", Marine Le Pen veut maintenant négocier la création d'un nouveau système monétaire dans lequel deux monnaies cohabiteraient. Le Franc, et l'écu, qui serait la nouvelle monnaie commune.
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Marine Le Pen fait de la critique de la zone euro un des éléments de son retour aux quatre souverainetés qu'elle nomme: monétaire, législative, budgétaire et territoriale.
Le retour au franc serait-il un retour à la souveraineté monétaire ? Qu'est ce que la souveraineté monétaire? Question traitée par un précédent billet économique : Le Frexit du Front National: un retour à la souveraineté monétaire ?
Franc + Ecu = contrôle des changes ?
Première condition. Il faut que les autres pays de la zone euro veuillent bien négocier cette nouvelle architecture monétaire. "Nous ne sommes pas la Grèce, bien sur qu'ils négocieront" m'a répondu Jean Messiha.
Ensuite, on aimerait bien comprendre comment les deux monnaies cohabiteront. Le Front National fait référence au système qui a précédé l'euro. L'écu, c'est vrai, a déjà existé avant l'euro. Sa valeur était liée à la valeur de plusieurs monnaies européennes, et c'était une référence qui permettait de faire en sorte que les différentes monnaies européennes ne s'éloignent pas trop les unes des autres. Les plus anciens s'en souviennent peut être, on appelait ça le serpent monétaire européen, et cela n'était pas très efficient, comme le rappelle Eric Dor, directeur des études à l'Ieseg dans une note qu'il m'a fait passer hier.
A l'époque les marchés financiers pouvaient provoquer de fortes altérations des taux de change entre une monnaie européenne et l'ECU, et les pays victimes de spéculations à la baisse sur leur monnaie étaient obligés de répondre par de fortes hausses de leurs taux d'intérêt.
L'écu n'était pas une monnaie qui s'échangeaient sur les marchés internationaux. Dans l'idée du Front National, oui.
Questions concrètes
- Si les citoyens sont en francs, et les entreprises en écu, comment est fixée la conversion entre les deux monnaies?
- Pourrions-nous, nous, simples citoyens échanger des francs contre des dollars?
- Et si la valeur du franc s'effondrait, y aurait-il un contrôle des changes pour éviter que paniqué, tout le monde ne cherche à convertir ses francs en écu?
Toutes ces questions méritent discussions m'a répondu le conseiller de Marine Le Pen, Jean Messiha mais les détails viendront plus tard. "Cela relève de la mise en œuvre" dit-il.
Or ce sont des détails importants. Il s'agit de notre vie quotidienne, de la valeur de l'épargne, de la fluidité des échanges économiques. Le contrôle des changes ou des capitaux a des conséquences très pratiques, potentiellement douloureuses pour les entreprises (même petites) et les citoyens. La Grèce en sait quelque chose.
Marine Le Pen nous les exposera-t-elle ce soir? Détaillera-t-elle les conséquences concrètes de ce double système monétaire? Suspense suspense.
Emmanuel Macron toujours pour le libre-échange ?
Quant à Emmanuel Macron, il va devoir être plus clair sur le CETA. Le candidat d'En Marche a toujours soutenu l'accord de libre échange avec le Canada, mais lors de son dernier discours, le 1er mai, il a dit comprendre les "doutes et les incertitudes", et promis de nommer une commission d'experts.
«Je nommerai une commission d'experts, de scientifiques irréprochables, dénués de tout lien avec les lobbies comme les industriels, pour dire ce qu'il en est exactement des conséquences environnementales, sur la santé, de cet accord.»
Ce n'est donc pas un revirement sur le libre-échange en soit, mais une prise en compte de ses effets.
Une façon pour Emmanuel Macron d'illustrer par l'exemple ce qu'il entend par " Une Europe qui protège", qui est l'un de ses tracts de campagne.
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Ce "European Buy Act" n'est pas nouveau, Nicolas Sarkozy l'avait proposé en 2012, promis en 2007, et l'idée vient des années 90.
Elle a toujours été enterré, car elle n'est pas OMC compatible... Les temps ont-ils changé? C'est ce que veut croire Emmanuel Macron. Son défi à lui, c'est de convaincre que ce qui n'a pas été possible hier dans l'Union Européenne, sera possible demain.
Voir ici un précédent billet qui évoque l'évolution récente de l'Union Européenne en matière de dumping : Fin de la naïveté européenne dans le libre-échange ?
Il va devoir aussi expliquer quoi faire quand la concurrence vient de l'Europe elle même, comme c'est le cas pour l'usine Whirlpool. Une compétition équitable est-elle possible dans l'espace européen? Il va lui falloir trouver des arguments sur ce point.
Je ne sais pas si le débat de ce soir rentrera dans le niveau de précision nécessaire pour répondre à ces questions. On fait le bilan demain !
Marie Viennot
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