Tsipras, FMI, UE et Brexit sont dans un bateau

Tsipras "dans un cercueil" lors d'une manif contre la réforme des retraites
Tsipras "dans un cercueil" lors d'une manif contre la réforme des retraites ©Reuters - Alexandros Avramidis
Tsipras "dans un cercueil" lors d'une manif contre la réforme des retraites ©Reuters - Alexandros Avramidis
Tsipras "dans un cercueil" lors d'une manif contre la réforme des retraites ©Reuters - Alexandros Avramidis
Publicité

Les ministres des finances de la zone euro se réunissent pour conclure un accord sur les réformes menées en Grèce. A la clef, le déblocage d'une partie du prêt de 86 milliards d'euros accordé cet été. Date limite autour du 21 juillet. Autre été, autre crise grecque?

Vous aimeriez bien savoir qui tombe à l'eau, n'est ce pas? Personne pour le moment, mais ça tangue ça tangue...

La Grèce ne passe plus les radars médiatiques car elle ne risque pas la faillite demain, mais autour du 21 juillet. A cette date elle doit sortir trois milliards et demi d'euros pour rembourser ses créanciers, dont la BCE, et toute la question est de savoir si cette année encore, il y aura une crise grecque pendant l'été.

Publicité

Personne ne le veut vraiment, surtout qu'entre aujourd'hui et la mi-juillet, il y a potentiellement le BREXIT. Voilà pourquoi tout le monde aimerait bien avoir classé le dossier Grec avant la date du référundum britannique, et la dernière chance c'est un peu aujourd'hui.

Aujourd'hui, se tient une réunion de l'Eurogroupe, vous savez, ces réunions des ministres des finances de la zone euro qu'on suivait à la loupe il y a un an. C'est toujours le même processus, vous pouvez le retenir pour la prochaine fois. L'été dernier, il y a eu un accord pour un nouveau prêt de 86 milliards d'euros, mais l'argent est versé par petit paquet, et avant chaque versement, les créanciers vérifient que la Grèce a bien tenu ses engagements.

La Grèce respecte t-elle le nouveau mémorandum d'austérité?

L'histoire se répète. Les exigences formulées cet été étaient un peu trop hautes, le calendrier un peu serré, la Grèce pas très motivée pour appliquer encore des mesures d'austérité, mais il y a une différence de taille, c'est que cette fois quelqu'un dit que quelque chose cloche, et c'est.... à votre avis? le FMI. Voir ici en anglais un très bon article sur l'état des lieux des négociations. Et ici, un article de la Tribune qui résume bien aussi la situation.

Le FMI est "skeptical", je le dis en anglais c'est plus savoureux. La directrice du FMI, Christine Lagarde  l'a dit texto : "Nous sommes sceptiques", et elle est allée plus loin encore en affirmant "that will just not happen", cela n'arrivera pas.

A quoi fait-elle référence? La zone euro imagine que la Grèce pourrait dégager un surplus primaire de 3.5% de son PIB sur les 10 prochaines années voire plus. Un surplus primaire, c'est la différence entre les dépenses et les recettes, une fois retirées les charges des intérêts de la dette. Pour le moment, le budget Grec est à peine à l'équilibre, selon la commission européenne, mais le FMI n'est pas d'accord avec ce constat.

Des analystes rapportent en effet, que si le budget Grec n'est pas déficitaire en 2015, c'est parce que l'Etat Grec privilégie les dépenses sociales et de salaires pour les fonctionnaires, mais accumule les dettes auprès de ses fournisseurs.

En résumé, donc, le FMI ne croit pas qu'il soit possible pour la Grèce de dégager un excédent primaire aussi important pendant des années, et critique également les hausses d'impôts prévues par la Grèce, avec l'assentiment des Européens. Or le FMI n'est pas partie prenante à l'accord signé l'été dernier, et il menace de quitter le bateau pour de bon si l'Union européenne ne modifie pas ses exigences.

Tsipras FMI, même combat?

Et bien non, parce que le FMI exige encore des efforts sur les retraites, sujet hautement sensible en Grèce. En délicatesse dans les sondages, qui placent l'opposition devant Syriza, le premier ministre Grec a gardé le FMI sans son viseur. Le 14 avril, il a publié une tribune dans le Financial Times intitulée: La Grèce a donné tort aux Cassandres, maintenant le FMI doit faire sa part...

Or ce que demande le FMI pour rester dans le bateau, c'est la même chose qu'Alexis Tsipras depuis sa première élection: un allègement de la dette grecque, c'est à dire son annulation en partie. Pour revenir aux origines de la dette grecque, (je fais ma pub!): Tout comprendre sur la dette grecque en six étapes.

Mais l'histoire se répète encore. La zone euro ne veut pas aborder cette question parce que l'Allemagne met toujours son veto. Et pourtant vous savez qui retient le FMI dans le bateau? Justement l'Allemagne. Alors que le FMI propose exactement ce que l'Allemagne ne veut pas, l'Allemagne veut qu'il reste à bord parce qu'elle n'a plus confiance en ses partenaires européens, et estime que le FMI serait, avec elle, le seul vrai orthodoxe à bord.

Autant de contradictions dans une même embarcation, on peut s'en amuser, ou en pleurer. Avis de houle prévu cet été, sur les côtes helléniques...

Un mot sur les billets de la semaine prochaine...

Je vous propose une série que j'ai intitulé: Des solutions, il y en a dans les thèses des étudiants!

Chaque jour un doctorant différent vous présentera ses recherches et leurs possibles débouchés sur des solutions à des problèmes économiques actuels.

  • lundi, la réussite scolaire et l'emploi des jeunes
  • mardi la mondialisation,
  • mercredi on parlera d'une réforme des retraites idéales
  • jeudi, la précarité énergétique
  • vendredi, rien de moins que "comment tous continuer à vivre sur notre bonne planète terre".

Toutes ces thèses utilisent les méthodes de l'économie quantitative pour mener leurs recherches. C'est en ce moment le courant dominant, mais je suis consciente qu'il manque à mon pannel l'approche hétérodoxe que poussent les professeurs d'économie réunis au sein de l'AFEP, l' Association Française d'Economie Politique.

Le pluralisme de la recherche en économie est  une réelle préoccupation. L'AFEP y consacre d'ailleurs une journée d'étude le 30 mai.

Sans doute l'occasion pour le billet économique d'aborder cette question structurelle.

L'équipe